Archive des Bibliothèques universitaires de Nantes

Le texte et le terrain : un dédoublement d'écriture entre expérience ethnologique et tentation littéraire (1930-1955)

Par : Hervé Moëlo

Document archivé le : 15/10/2013

Au début du XXe siècle, l’ethnologie française vit avec la littérature un dialogue historique difficile. Elle doit se distinguer du monde des lettres pour devenir une discipline scientifique et contraint une génération de chercheurs à se rendre pour la première fois sur le lieu de l’enquête. Cette révolution du terrain a pour conséquence le développement du phénomène éditorial de la double écriture : parallèlement au texte scientifique, une autre écriture cherche à s’affranchir des traditionnelles contraintes esthétiques, psychologiques, morales et intellectuelles. Les auteurs abordés dans cette étude – Marcel Griaule, Maurice Leenhardt, Michel Leiris, Alfred Métraux et Claude Lévi-Strauss – en offrent cinq exemples marquants. Pris dans la tension entre texte et terrain, ce dédoublement invite à interroger les symboliques culturelles qui sous-tendent les valeurs de l’écrit et de la littérature. Alors que la situation d’enquête impose le pragmatisme de l’action, le travail sur le texte expose à des tentations et des croyances littéraires qui contredisent les nécessités de l’expérience de terrain. Pour résister à la force d’attraction de l’esthétique lettrée, la double écriture cherche à se rattacher à des cultures de l’écrit plus ordinaires afin de maintenir un équilibre entre ouverture et fermeture du texte, entre textualité et textualisme. Elle témoigne ainsi d’une forme de résistance critique à certaines mythologies de l’écriture, cherchant un espace textuel qui se tienne à juste distance de l’imaginaire et de l’exactitude.


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