Archive des Bibliothèques universitaires de Nantes

Arno Schmidt et les sciences

Par : Schneider, Kathrin F.

Document archivé le : 23/06/2017

L’œuvre poétique de Arno Schmidt (1914-1979) laisse apparaître une perspective paradoxale sur les sciences naturelles, thématisant de manière originale le conflit des « deux cultures ». Dans ses textes, Schmidt confronte un emploi de savoirs et d'images scientifiques à une mystification poussée de ces éléments intégrés. L'analyse de trois ouvrages, Léviathan, La République des Savants et l'Ecole des Athées, soulève des pistes de réflexion variées sur les méthodes et les concepts scientifiques qui contribuent, à l'intérieur de l'oeuvre de Schmidt, à une définition poétologique. S'enracinant dans le topos d'une lecture du monde, Schmidt fait une analogie entre le géographe et l'écrivain, qui lui permet de développer une réflexion sur l'observation et la lecture ainsi que sur la description et la rédaction de texte, tout en exprimant une revendication littéraroscientifique. L'auteur met en scène les notions de rationalisation et de mystification, d'enchantement et de désenchantement, à la fois en admirant et en critiquant les sciences naturelles. Celles-ci peuvent en effet aussi bien s'opposer à l'écriture poétique que se joindre à elle. Ce qui conduit l'auteur à formuler une définition précise de sa poétologie à travers une composition hétérogène du texte, une création « calculée » et une forme littéraire et graphique inouïe. La construction du texte, comme description d'une exploration géographique ou d'une histoire fantastique, s'associe à une écriture ambigüe qui représente simultanément la clarté et l'hermétisme, la concrétisation et le chiffrage, la mystification et le déchiffrage, éclairant sur les convergences et les limites de la littérature et des sciences.