Archive des Bibliothèques universitaires de Nantes

Étude épidémiologique des violences conjugales subies par les enfants et adolescents pris en charge par l'Unité d'Accueil des Enfants en Danger au CHU de NANTES, et lien avec leur médecin traitant

Par : Chambet, Paul

Document archivé le : 30/04/2019

Introduction : les violences conjugales sont des violences intrafamiliales dont les enfants sont également victimes, qui ont de graves conséquences. A Nantes, l'Unité d'Accueil des Enfants en Danger reçoit les enfants victimes de toutes formes de violences pour une évaluation, un diagnostic, une orientation. Notre objectif principal était de déterminer la prévalence des enfants victimes de violences conjugales reçus dans cette unité en 2017, l'objectif secondaire était d'établir un lien avec leur médecin traitant. Matériel et méthodes : nous avons réalisé une étude épidémiologique rétrospective sur la population des enfants et adolescents – âgés de 0 à 15 ans et 3 mois - évalués par l'UAED en 2017. Le critère d'évaluation principal était le diagnostic de violences conjugales subies par l'enfant à l'issue de l'évaluation à l'UAED. Les critères d'évaluation secondaires étaient les caractéristiques de la prise en charge médico-judicaire de chaque enfant victime, ainsi que la connaissance par le médecin traitant des violences intrafamiliales, et la conduite tenue par le médecin lorsqu'il était informé des faits décrits. Résultats : sur 655 patients évalués par l'UAED en 2017, 197 étaient victimes de violences conjugales. 3 patients ont été exclus pour un âge supérieur à 15 ans et 3 mois. La prévalence de patients victimes de violences conjugales était donc de 29,6%. L'âge médian était de 7 ans et 9 mois. Pour 94,4% de ces enfants, étaient identifiés d'autres types de violences (73,1% des violences physiques, 50 % des violences psychologiques, 25,8% des négligences graves, 23,1% des violences sexuelles). 42,3% des mineurs victimes étaient déjà connus par les services de protection de l'enfance. Le père ou le beau-père était le ou un des auteur(s) présumé(s) dans 67,9% des situations ; la mère ou la belle-mère dans 19,6% des cas. Parmi les conséquences des violences intrafamiliales observées, 51% des enfants ou adolescents présentaient des mises en danger. Près de 10% de ces enfants ne suivaient pas une scolarité normale. Un juge des enfants, garant de la protection du mineur, n'était saisi que pour 9/194 enfants. Le médecin traitant avait la notion de violences intrafamiliales dans 58,5% des cas ; l'existence de violences conjugales était connue dans 29,2% des cas. Le médecin a rédigé une IP pour 5 patients (7,7%). Discussion : notre travail a démontré la forte prévalence d'enfants et adolescents victimes de violences conjugales au sein des patients évalués par une unité hospitalière de protection de l'enfance. La très grande majorité de ces enfants subissent plusieurs types de violences associées. Les conséquences de ces violences sont graves et multiples, notamment avec des mises en danger fréquentes du mineur par lui-même. Malgré son rôle central dans le dépistage et l'orientation des enfants victimes de violences, le médecin traitant n'a pas toujours connaissance des violences intrafamiliales. Dans ce cadre, peu de démarches d'alerte en vue d'une protection sont effectuées par le médecin traitant, ce qui peut s'expliquer principalement par un défaut de formation. 19NANT016M


Fichier(s) associé(s) au document :
chambetMED19.pdf