Archive des Bibliothèques universitaires de Nantes

Description et mesures de prise en charge d'une épidémie de rougeole au CHU de Nantes de mai à septembre 2019

Par : Wendlinger, Barbara

Document archivé le : 14/09/2021

Introduction : Cette étude a été réalisée dans un contexte de recrudescence de la rougeole depuis plusieurs années, alors que l'OMS a pour objectif l'élimination de la maladie dans la région Europe. Elle décrit l'épidémie de rougeole survenue au CHU de Nantes en 2019 et sa gestion à l'échelle de l'établissement. Matériel & méthode : Il s'agit d'une étude rétrospective, observationnelle et monocentrique des cas de rougeole survenus chez les adultes et les enfants ayant consulté au CHU de Nantes sur la période de mai à septembre 2019. Résultats : Du 10 mai au 8 aout 2019, 103 cas de rougeole ont été diagnostiqués au CHU de Nantes. La majorité des cas avaient moins de 5 ans (n = 62) et 91,3 % (n = 94) des cas étaient issus de la communauté rom. Tous sauf un ont fait l'objet d'une déclaration obligatoire, tous ont été confirmés biologiquement et tous les cas testés (n = 31) étaient de génotype D8. Le statut vaccinal était « à jour pour l'âge » chez 27,2 % (n = 28) des patients, parmi lesquels 24 avaient moins d'un an. Parmi les 75 patients considérés « non à jour », 60 n'avaient jamais été vaccinés, 1 avait reçu une dose unique et 14 avaient un statut vaccinal indéterminé. Au total, 42,7 % (n = 44) des cas ont présentés des complications, principalement respiratoires, ORL et des déshydratations et 30,1 % (n = 31) des patients ont été hospitalisés, parmi lesquels 3 ont été pris en charge en unité de soins intensifs. Trois cas sont survenus chez des professionnels de santé, parmi lesquels deux étaient complètement vaccinés. Au cours de l'épidémie, 12 cas index ont fait l'objet d'une enquête. Ils ont exposé 749 patients au CHU de Nantes, en majorité aux urgences pédiatriques ; 314 ont reçu un courrier d'information et 172 ont été appelés pour déterminer le statut immunitaire et la prise en charge post exposition le cas échéant. La prise en charge des sujets contact à risque de complication (nourrissons de moins de 12 mois et femmes enceintes) a été priorisée. Ainsi, sur 56 sujets contact à risque, 30 étaient considérés protégés, 3 ont été vaccinés dans les 72 heures et 9 ont reçu des immunoglobulines intraveineuses polyvalentes. Dans le cadre de l'étude, ces 56 patients ont été appelés à distance de l'épidémie afin de savoir s'ils avaient développé la maladie : 71,4 % (n = 40) n'ont signalés aucun symptômes, 25 % (n = 14) étaient injoignables et 2 nourrissons (3,6 %) ont présenté une éruption cutanée aspécifique (une le lendemain des immunoglobulines et une à 10 jours de la vaccination ROR). Une collaboration pluridisciplinaire a permis l'identification et la prise en charge des sujets contact, la généralisation de mesures barrières, l'élaboration d'outils de communication ciblés et la vérification du statut immunitaire des professionnels de santé. Ainsi, 209 agents ont été vaccinés de mai à septembre 2019. Conclusion : Bien que le caractère épidémique des cas de rougeole ait été identifié avec retard, la gestion de l'épidémie dans sa globalité a permis d'en limiter la diffusion intra-hospitalière. Le recueil des actions menées constitue dorénavant une banque d'outils pouvant être mobilisables lors d'une potentielle nouvelle épidémie de rougeole. 21 NANT 076M


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