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Épidémiologie des hémorragies intra-crâniennes et traumatismes crâniens infligés : étude en population sur l'agglomération nantaise

Par : Blot, Marie

Document archivé le : 04/01/2018

Introduction : le traumatisme crânien infligé (TCI) est la première cause de décès chez l'enfant victime de violences et ce mécanisme représente 80% des décès dus à un traumatisme crânien avant 2 ans. Le principal critère diagnostique est la présence d'hémorragies intracrâniennes extra-axiales plurifocales (HIEP) chez un nourrisson. Si la physiopathologie des TCI est bien connue, ce diagnostic reste difficile du fait de la grande variabilité du tableau clinique. Ainsi, nous ne disposons pas de données épidémiologiques françaises récentes sur cette pathologie grave. Les objectifs de cette étude sont d'évaluer l'incidence des HIEP et des TCI en Loire Atlantique chez le nourrisson et d'en décrire les signes cliniques et radiologiques. Matériel et méthodes : nous avons réalisé une étude épidémiologique observationnelle monocentrique non contrôlée, rétrospective et prospective. Ont été inclus les nourrissons de 1 à 12 mois ayant eu une imagerie cérébrale au CHU de Nantes du 01/01/2015 au 01/03/2017. Le diagnostic de TCI a été porté lorsqu'il était « hautement probable » ou « probable » selon les critères de la Haute Autorité de la Santé. Résultats : 312 patients ont été inclus. 27 (8,7%) présentaient une HIEP, dont 19 enfants victimes de TCI ; 8 nourrissons avaient une HIEP d'origine non infligée, soit accidentelle (2/8 : accident de la voie publique haute cinétique), soit non traumatique (6/8 : essentiellement post-chirurgie cardiaque lourde ou méningite). L'incidence des HIEP était de 72,8/100 000 nourrissons de moins de 12 mois par an ; celle des TCI, de 51,2/100 000 nourrissons de moins de 12 mois par an. L'âge médian des nourrissons ayant subi un TCI était de 168 jours.2 victimes sont décédées. Dans 15 cas sur 19 (79%), aucun traumatisme n'était rapporté ; quand un traumatisme était décrit (4/19) il n'était jamais compatible avec les lésions constatées. Aucune secousse violente n'a été évoquée durant l'hospitalisation. La majorité des patients présentait des symptômes aspécifiques. L'examen neurologique était normal chez 6 patients (31,5%). 12 enfants (63,2%), avaient une ou plusieurs lésions tégumentaires traumatiques. Des hémorragies rétiniennes étaient visibles chez 12 nourrissons (63,2%). Tous les enfants étaient porteurs d'une hémorragie sous-durale, associée à une hémorragie sous-arachnoïdienne dans 26,3% des cas. 5 enfants présentaient des lésions osseuses traumatiques associées. Après explorations, aucun diagnostic différentiel n'a été identifié. Discussion : l'incidence des TCI est ici très légèrement supérieure à la littérature, mais probablement encore sous-estimée. La formation des professionnels de santé parait primordiale dans le but de dépister au mieux les enfants victimes afin, d'une part, de leur proposer une prise en charge adaptée à court, moyen et long termes et, d'autre part, d'alerter les autorités compétentes qui seront en mesure d'assurer leur protection. L'amélioration des connaissances passe par un meilleur recensement des enfants ayant subi des violences : ainsi, la création d'un registre, régional voire national, nous semble indispensable. 17NANT197M


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