Demandeurs d'asile ayant subi des tortures dans leur pays d'origine : évaluation d'un centre français
Par : Lebossé, David
Document archivé le : 28/04/2014
Objectif : Caractériser les sévices subis et les blessures des demandeurs d'asile ayant subi des actes de torture dans leur pays d'origine. Matériel et méthodes : Il s'agit d'une recherche non interventionnelle, rétrospective, mono centrique et non contrôlée. Les données ont été extraites à partir de l'ensemble des rapports issus des consultations de demandeur d'asile, dans le service de médecine légale du C.H.U. de Nantes, du 1er septembre 2006 au 30 septembre 2012. Résultats : Parmi les 570 individus inclus, il y a 70 % d'homme. La moyenne d'âge est de 31,93 ans. La région du Caucase représente 45,35% et l'Afrique 44,64% des personnes. Les conflits politiques sont prépondérants pour l'ensemble des personnes ayant fui leur pays, sauf pour l'Afrique du Nord (conflits religieux). Les altercations/pressions psychologiques représentent 27,89% des individus, les incarcérations 40,22% et les violences répétées 30,16%. Le délai moyen entre l'agression et la consultation est de 53 mois, pour une médiane de 31 mois. Les principales techniques de sévices et tortures : objets contondant (82,51%), coups de matraque (27,50%), arme tranchante (30%), techniques de brûlures (16,03%) et des violences sexuelles dans 15,12% des cas. Parmi celles-ci, 23% des victimes présentent des lésions. L'absence de compatibilité entre les allégations de la personne et les lésions constatées concernent 9,72% des cas. Les lésions par coups de matraque impliquent statistiquement le conflit politique durant une incarcération d'individus masculins. Les coups par objet contondant sont portés lors de violences répétées et lors d'incarcération. Les manœuvres d'écrasement concernent les hommes. Les brûlures sont représentées surtout chez les personnes venant des pays d'Afrique. Les manœuvres d'électrisation sont réalisées lors d'incarcération d'individus masculins (48,28% sont réalisées au Caucase Nord). Les violences par arme à feu concernent les hommes, lors de conflit politique, principalement dans les pays d'Afrique et du Caucase Nord. Les incarcérations et les violences répétées concernent également les hommes. Les altercations et les violences psychologiques impliquent davantage les femmes. L'âge moyen des victimes déclarant des violences sexuelles est de 29,79 ans et sont majoritairement des femmes. Elles ont lieu lors de violences répétées et principalement lors de conflit politique. La compatibilité est importante entre les déclarations de la victime et les constatations médico-légales : 96,8% des lésions par arme blanche, 91,70% pour les brûlures et aussi pour les lésions secondaires à des coups par objet contondant. Conclusion : Les données de la littérature sur les séquelles physiques des demandeurs d'asile sont éparses dans le monde et absentes en France. Ce travail initie une démarche d'amélioration de l'évaluation de la population de demandeurs d'asile victime de torture dans leur pays d'origine, au C.H.U. de Nantes.
13NANT136M
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