Quelle place les femmes ayant des relations sexuelles avec des femmes accordent-elles au frottis cervical utérin dans leur suivi gynécologique ? Enquête quantitative comparative
Par : Poupon, Camille
Document archivé le : 08/12/2020
Introduction : Les femmes ayant des relations sexuelles avec des femmes (FSF) souffrent d'une invisibilité dans la société et également dans la santé. Quelques études étrangères ont montré qu'il existait une différence de taux de réalisation de frottis cervico-utérins (FCU) entre les FSF et les autres femmes. Or ces femmes doivent bénéficier des mêmes recommandations pour le dépistage du cancer du col de l'utérus (CCU) que les autres femmes. En effet, le virus Human PapillomaVirus (HPV) peut se transmettre lors d'une relation sexuelle entre deux femmes. En France, peu d'articles scientifiques s'intéressent à la santé des FSF. Dans cette enquête nous avions pour objectif principal de comparer le taux de réalisation de frottis entre les FSF et les autres femmes en France. Notre objectif secondaire était d'en comprendre les déterminants. Matériel et Méthodes : Il s'agissait d'une étude quantitative, comparative, transversale et déclarative. Nous avons diffusé un questionnaire de 26 questions via internet. 3074 femmes ont répondu au questionnaire. Nous avons exclu les femmes ayant moins de 25 ans, ayant plus de 65 ans, n'ayant jamais eu de relation sexuelle et celles ayant subi une ablation du col de l'utérus. Au final, notre échantillon était constitué de 2032 femmes. En fonction de leurs réponses au questionnaire à propos de l'auto-définition de leur sexualité et de leur comportement sexuel, nous avons créé trois groupes de femmes : FSF exclusives, FSF mixtes et Non FSF. Nous avons utilisé le test du Chi 2 ou le test de Fisher pour réaliser les tests statistiques. Les résultats étaient significatifs si p < 0,05. Résultats : Les FSF exclusives font significativement moins de FCU que les FSF mixtes et les Non FSF. En effet, 28,9% des FSF exclusives n'ont jamais fait de frottis dans leur vie, contre 9% des FSF mixtes et 3,1% des Non FSF (p<0,001). Les FSF exclusives sont significativement moins à jour dans leur frottis (55,4%) que les FSF mixtes (76,8%) et que les Non FSF (90,0%) (p<0,001). Les FSF exclusives ont plus de réticences à réaliser un frottis (58,2%) que les Non FSF (19,9%) (p<0,001). 16,9% des FSF exclusives pensent qu'elles ont moins besoin de réaliser de FCU que les autres femmes contre 2,0% des Non FSF (p<0,001). Conclusion : Cette étude a permis de mettre en évidence qu'il existe une réelle différence de taux de réalisation de FCU entre les FSF et les autres femmes en France. Il est primordial que les campagnes de dépistage contre le CCU sensibilisent les FSF sur leur risque de développer ce cancer. En parallèle, il semble important de former les professionnels de santé sur la prise en charge des FSF, leur orientation sexuelle étant un réel déterminant de santé.
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