Épidémiologie et prise en charge de la virémie à BK virus chez le greffé rénal et réno-pancréatique : évaluation monocentrique de la survie du greffon rénal
Par : Leman, Claire
Document archivé le : 20/09/2021
Introduction : La survenue d'une virémie à BK virus (BKv), marqueur d'une immunosuppression marquée, est une complication majeure de la greffe rénale en raison du risque de perte du greffon en cas d'évolution vers une néphropathie à BKv (NBKV). En absence de traitement spécifique, la réduction du traitement immunosuppresseur reste à ce jour l'élément clé de la prise en charge, exposant alors au risque de rejet. Méthodes : A partir de la cohorte de patients greffés rénaux ou réno-pancréatiques entre 2009 et 2019 au CHU de Nantes (n=1837), nous avons sélectionné rétrospectivement les patients ayant présenté une virémie à BKv au cours de la première année de greffe (n=177). En comparaison à des contrôles appariés et selon l'intensité et la durée de la virémie, nous avons recherché les facteurs de risque de virémie et de NBKV ainsi que les déterminants de la survie du greffon rénal. Résultats : Survenant dans un délai médian de 3,3 mois post-greffe, la virémie à BKv était favorisée par la corticothérapie d'entretien (OR=1,86, IC 95% [1,17-2,99] ; p=0,008), une sérologie CMV positive chez le donneur indépendamment du statut du receveur vis à vis du CMV (OR=1,62, IC95% [1,05-2,51] ; p=0,029) et le groupe sanguin B (OR=2,67, IC95% [1,27-5,90] ; p=0,012). Le risque d'évolution vers la NBKV, survenant chez 35 patients, dépendait essentiellement de l'intensité (>4log) et de la précocité (<3 mois) de la virémie. La virémie était prolongée au-delà de 12 mois chez 46% des patients sans impact sur la survie du greffon rénal. La clairance virale, obtenue chez 80,2% des patients dans un délai médian de 9,1 mois, semblait corrélée à la rapidité de la baisse de l'immunosuppression. La survie du greffon rénal était impactée par la survenue d'une NBKV (OR 3,41 IC95% 1,58-7,37 p=0,002) et/ou d'un rejet (OR 5,61 IC95% 2,7-11,42 p<0,001), sans que l'incidence du rejet soit majorée par rapport aux patients non infectés par le BKv (21,5% vs 16,2%, p=0,221). Conclusion : La virémie à BKV et sa durée ne sont pas des facteurs de mauvais pronostic du greffon rénal, ce qui est péjoratif est la survenue d'un rejet et/ou d'une NBKV, elle-même favorisée par une virémie précoce et élevée. Ainsi, une virémie prolongée à taux faible (<4log) peut être tolérée si la balance bénéfice risque est en faveur de la poursuite d'une immunosuppression conséquente.
21 NANT 085M
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