Archive des Bibliothèques universitaires de Nantes

Santé génésique des femmes ayant des rapports sexuels avec des femmes : connaissances et pratiques en matière de suivi gynécologique, infections sexuellement transmissibles et recours aux soins

Par : Robin, Marine

Document archivé le : 25/02/2022

Introduction : La santé génésique des femmes ayant des rapports sexuels avec des femmes (FSF) est méconnue notamment des personnels de santé. La littérature Nord-Américaine a révélé une prévalence plus élevée d'infections sexuellement transmissibles (IST) au sein de cette population ainsi que de nombreux facteurs de risque de cancers gynécologiques. Objectifs : Etudier les connaissances en matière de suivi gynécologique et IST de la population FSF en France ainsi que leur recours aux soins et aux pratiques de dépistage. Matériel et méthode : Nous avons réalisé une étude observationnelle transversale sur données recueillies à partir d'un questionnaire anonyme diffusé en ligne de juillet à novembre 2020 auprès de FSF majeures, assignées femmes à la naissance. Nous avons décrit notre population (données socio-économiques, antécédents de violences et comportements à risque), évalué les connaissances (suivi gynécologique, IST) à l'aide d'une auto-évaluation et de questions théoriques. Nous avons étudié les vecteurs d'informations, les recours aux soins et aux pratiques de dépistage puis comparé certaines sous population à l'aide du test du Khi2. Résultats : Au total, 582 femmes réparties dans toute la France ont été incluses dans notre étude. L'âge médian était 24 ans (1er quartile=21 ; 3e quartile=28). La majorité d'entre elles (89,9 %, n=523) avait réalisé des études supérieures. Plus de 80 % (n=470) signalaient des antécédents de violences majoritairement d'ordre sexuel (35,7 %, n=208) ou moral (39 %, n=227) et une consommation de toxiques fortement à risque pour près de 18 % (n=103). La majorité des femmes estimait avoir des connaissances satisfaisantes sur le suivi gynécologique (54,5 %, n=317) et sur les IST (62 %, n=361), bien qu'elles étaient insuffisantes en théorie (86,4 %, n=503 ; 52,7 %, n=307 respectivement). Aucune différence n'a été mise en évidence entre l'orientation sexuelle des femmes et leurs connaissances pour le suivi gynécologique (p=0,38) et les IST (p=0,46). Pour autant, les femmes bisexuelles avaient significativement plus recours aux dépistages d'IST (p<0,001). Les vecteurs d'informations concernant le suivi gynécologique étaient majoritairement internet (63,8 %, n=371) et les échanges avec leurs ami•e•s et/ou partenaire•s (60,6 %, n=353). Le constat était le même pour l'information sur les IST (74,6 %, n=434 et 58,8 %, n=342 respectivement). Bien que se sentant en grande majorité concernées par le suivi gynécologique (77,8 %, n=453), près de 31 % (n=180) déclaraient n'être suivies par aucun professionnel. Elles indiquaient également à plus de 47 % (n=274) être mécontentes de leur suivi dénonçant un manque d'écoute et une peur du jugement de la part des professionnels. Chez les femmes >25 ans près de 24 % (n=68) ne bénéficiaient pas d'un suivi gynécologique régulier. Discussion : Malgré des facteurs de risques plus importants dans cette population, la santé génésique des FSF reste méconnue tant des professionnels de santé que des femmes elles-mêmes. En conséquence, leur recours aux soins est moindre en gynécologie et lorsqu'il a lieu, est jugé insuffisant. Dans cette perspective, nous avons créé des brochures explicatives pour tous•tes que nous souhaiterions diffuser afin de créer un environnement de confiance propice à l'élaboration d'un suivi gynécologique de qualité. 21 NANT 18-SF


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