Prise en charge de l'infection respiratoire basse du patient âgé de 65 ans et plus: le maintien à domicile est-il une alternative à l'hospitalisation ?
Par : Bataille, Laurent de
Document archivé le : 05/02/2013
Introduction: L'infection respiratoire basse (IRB) est une pathologie fréquente chez le sujet âgé, pour laquelle une évaluation hospitalière est souvent recommandée. Le passage aux Urgences et les hospitalisations dans des services inadaptés, sont souvent une perte de chance pour la personne âgée (complications, perte d'autonomie) et un surcoût pour la société (dépendance, ré-hospitalisation). L'allongement de l'espérance de vie et le papy-boom, vont entraîner une augmentation importante du nombre de personnes âgées dans les années à venir. Leur prise en charge adaptée, représente un enjeu de santé publique et nécessite une adaptation du système de soins. Le maintien de la personne âgée à domicile, notamment lors d'un épisode aigu, n'est pas souvent intégré aux recommandations. Dans la littérature, les études sur le maintien à domicile des personnes âgées souffrant d'une pathologie aiguë, ne concernent que les patients institutionnalisés. Nous avons ainsi souhaité réaliser une étude pour déterminer si la prise en charge à domicile de l'IRB du sujet âgé, pouvait être une alternative valable à l'hospitalisation recommandée. Matériel et Méthodes: Nous avons mené une étude observationnelle prospective comparative sur l'agglomération nantaise, d'octobre 2011 à juillet 2012, ciblant une population âgée de 65 ans et plus, qui présentait une suspicion clinique d'IRB. Nous avons étudié deux populations selon leur orientation initiale: hospitalière (patients inclus par le service d'Urgence du CHU de Nantes) ou ambulatoire (patients inclus par SOS-Médecins Nantes). Le critère de jugement principal était la mortalité à 30 jours. Pour chaque patient inclus, nous avons étudié: la date et l'heure d'inclusion, l'âge, le sexe, le lieu de vie, le score de gravité CRB-65, l'indice de comorbidité de Charlson, l'orientation initiale (ambulatoire ou hospitalière et son motif) et l'antibiothérapie instaurée. Les patients ambulatoires bénéficiaient d'une visite systématique à 24 et 72 heures, basée sur une fiche de suivi complétée par les médecins, infirmiers et kinésithérapeutes. Chaque patient était réévalué au 30e jour suivant l'inclusion, selon les critères suivants: guérison/décès, complications médicales, ré-hospitalisation ou hospitalisation secondaire, nombre de jours d'hospitalisation, retour à domicile possible ou non, autonomie avant et après l'épisode infectieux (échelles ADL et IADL), et satisfaction de la prise en charge. Résultats: Cent-quarante patients ont été inclus (50 hospitaliers et 90 ambulatoires). Trente patients de la population ambulatoire ont été perdus de vue. Il n'était pas retrouvé de différence significative de mortalité à 30 jours, entre le maintien à domicile et l'hospitalisation, à scores de risques similaires (gravité et comorbidités). L'antibiothérapie était plus rapidement débutée en ambulatoire. Les patients traités à domicile et leurs entourages, étaient plus satisfaits que les patients hospitalisés. Conclusion: D'après notre étude, le maintien à domicile des personnes âgées présentant une IRB, semble être une alternative à l'hospitalisation. Il nous parait nécessaire de valider cette tendance par une étude randomisée, en analyse multi-variée, afin de définir un protocole standardisé de prise en charge ambulatoire, s'intégrant au parcours de soins du patient.
12NANT0745M
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