Archive des Bibliothèques universitaires de Nantes

Le capital politique des agriculteurs entre déclin, résistance et conversion

Par : Philippe Bidet-Emeriau

Document archivé le : 29/10/2015

Alors qu’en France, entre 1960 et 2014, la proportion des agriculteurs dans la population active est passée de 20% à seulement 1.4%, celle des maires agriculteurs est passée de 50% à 15%. Cette recherche a consisté à s’interroger sur les causes de cette moindre baisse des maires agriculteurs, en termes de métier, d’engagement professionnel et social et d’héritage politique. L’étude, conduite dans les Deux-Sèvres, a utilisé trois types de méthode : une analyse des profils sociaux de la population des maires sur la période de 1983 à 2014, une enquête par questionnaire auprès de 163 agriculteurs en mandat de 2001 à 2014 et trente interviews d’élus locaux. Le maintien relatif du poids des maires agriculteurs s’explique moins par leur capital d’autochtonie, leur capital politique se structurant par d’autres ressources plus déterminantes : le capital économique et les conditions d’exercice du métier, les engagements professionnels et associatifs, enfin, le capital culturel lié au cursus scolaire. Mais les agriculteurs, à la tête d’exploitations moins familiales, peinent à dégager du temps pour l’engagement en politique ; et l’exercice de leur métier les accapare de plus en plus face aux exigences croissantes de productivité, de qualité et de protection de la nature. Et, en trente ans, les dynamiques sociologiques de leurs communes se sont modifiées alors que les intercommunalités se généralisaient. Le maintien à terme d’agriculteurs maires semble dépendre d’une ré articulation entre capital professionnel et capital politique. Cet enjeu est important car ce groupe professionnel utilise très majoritairement les territoires ruraux pour des activités économiques et culturelles structurantes.