Corticothérapie orale en cure courte dans les infections ORL en médecine générale : perceptions et déterminants de la prescription
Par : Stephan, Gaïdig
Document archivé le : 07/02/2012
Propos : L'utilisation de la corticothérapie orale en cure courte est une pratique courante en médecine générale dans la prise en charge des infections ORL. Les recommandations en condamnent pourtant l'usage dans cette indication, compte tenu d'une efficacité le plus souvent non démontrée et de risques mal cernés. L'objectif de ce travail était d'explorer les perceptions et les attentes des médecins vis-à-vis de cette thérapeutique, afin de mieux appréhender les déterminants de cette prescription hors référentiels. Méthode : Enquête qualitative déclarative par entretiens semi-directifs auprès de 24 médecins généralistes bretons. Résultats : Les bénéfices constatés en pratique courante, en l'absence d'effets indésirables graves, contribuent à banaliser les corticoïdes oraux en cure courte et à renforcer l' image positive développée auprès des médecins. Les plus jeunes sont néanmoins majoritairement très méfiants vis-à-vis de ce traitement et vigilants quant à leurs complications potentielles. La décision de prescrire des corticoïdes est un processus complexe faisant intervenir de nombreux déterminants, qu'ils soient intimes (perception des infections ORL et des recommandations, expérience professionnelle et personnelle, habitudes de prescription, anxiété, tolérance à l'incertitude diagnostique...), liés aux patients (comorbidités, contexte socio-professionnel ou événementiel, mauvaise tolérance des symptômes, vécu médical, attentes, infections récidivantes ou résistantes à un premier traitement...) ou environnementaux (pratiques des spécialistes et des confrères généralistes, formation médicale continue, impératifs de rentabilité et de performance imposés par la société actuelle, système libéral de paiement à l'acte...). C'est toute la difficulté des interventions thérapeutiques en médecine générale, interventions autrement plus complexes que celles évaluées dans les essais randomisés. La plupart des médecins estiment, en l'occurrence, que les recommandations ne tiennent pas compte de déterminants non quantifiables mais néanmoins primordiaux (inconfort, retentissement social, inquiétude parentale...). Les contraintes inhérentes à leur exercice en libéral, en particulier la surcharge de travail et la pression des patients, sont également incriminées comme facteurs de surprescription et de non-adhésion aux référentiels. Améliorer la formation à la communication et à la non-prescription, l'adhésion aux recommandations, la qualité de la FMC et les modalités pratiques de l'exercice libéral en France permettraient probablement de rationaliser les prescriptions de corticoïdes oraux dans les infections ORL. - 2011NANT148M
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