Archive des Bibliothèques universitaires de Nantes

Quel langage utilisent les patients pour décrire leurs pratiques d'automédication ? : enquête quantitative de questionnaires déposés en salle d'attente de médecine générale de Loire-Atlantique et de Vendée

Par : Bottard, Emilie

Document archivé le : 29/04/2016

A partir d'un ou plusieurs symptômes, le médecin fait correspondre une maladie, qu'il soigne le plus souvent par un médicament, dont il connait surtout un mécanisme d'action ou un nom. Pour s'exprimer, il utilise un langage, plus ou moins technique, reflétant le modèle biomédical et ne correspondant pas toujours aux croyances du patient. En référence à ce langage, comment les patients énoncent-ils leurs pratiques d'automédication ? Méthode : A partir des données de l'enquête « se soigner par soi même », les déclarations des problèmes de santé ont été classées en symptôme ou maladie, et selon quatre degré de technicité. Les produits ont été catégorisés selon quatre modes d'expression : forme, nom, action, méthode thérapeutique et selon trois degrés de technicité. Ces éléments de langage ont été croisés avec les caractéristiques sociodémographiques et les pratiques d'automédicalisation. Principaux résultats et discussion : Les femmes se sont davantage exprimées en terme de maladie, ce que nous expliquons par leur plus grande médicalisation, ainsi que par leur plus grande faculté, au regard de la société, à se déclarer malades. L'âge avancé et le diplôme élevé étaient liés à l'emploi d'un langage symptomatique, faisant évoquer l'importance de la gêne occasionnée par le symptôme pour le patient dans le premier cas et la méfiance face à ses propres savoirs dans le second. Quant aux pratiques d'automédicalisation (discussion avec l'entourage, le pharmacien, recherches dans les médias, consultation d'autres praticiens), nous évoquons l'éventualité d'une hiérarchie entre les différentes sources d'information. La fiabilité que leur accordent les individus est également à prendre en compte. La possibilité d'échanges entre personnes physiques lors de l'utilisation des sources d'information a conduit à l'emploi d'un langage en terme de symptôme. Enfin, la réutilisation d'une ordonnance était liée à une qualification médicale pour énoncer le produit. Conclusion : Le sens accordé aux termes peut différer entre le médecin et le patient, ce qui peut créer des « malentendus » entre eux, et met en lumière l'importance d'une recherche d'explication par le médecin des termes employés. De plus, la fiabilité même du médecin et sa légitimité comme source de transmission du langage médical peuvent être remises en question, y compris par les médecins eux-mêmes. 16NANT003M


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