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Fréquence des passages non pertinents aux urgences des enfants de moins de 15 ans : analyse des déterminants et des conséquences à partir de l'étude nationale DREES 2013

Par : Alemany-Caudrillier, Marie

Document archivé le : 12/06/2018

Introduction : les services d'urgences français sont de plus en plus engorgés par des passages jugés parfois non pertinents par les médecins urgentistes qui les prennent en charge. Notre étude a pour but de déterminer la fréquence des consultations jugées non pertinentes concernant les enfants de moins de 15 ans et d'en analyser les déterminants. Méthode : étude prospective transversale multicentrique réalisée par la DREES le 11 juin 2013 dans 736 points d'accueil d'urgences en France, incluant tous les enfants de moins de 15 ans. La pertinence a été évaluée de manière subjective par les médecins examinateurs en utilisant une échelle quantitative de zéro à dix, ainsi que des items d'évaluation qualitative. Pour notre étude nous avons réparti la population en deux groupes : les consultations jugées non pertinentes (score de 0 à 5) et celles jugées pertinentes (score de 6 à 10). Résultats : au total, 12896 enfants de moins de 15 ans ont été inclus. Le taux de consultations jugées non pertinentes par les médecins examinateurs est de 46%. Ces médecins estiment que 68% de ces consultations auraient pu être prises en charge en ambulatoire par le médecin généraliste. Les déterminants significativement associés aux admissions jugées non pertinentes sont l'absence de médecin traitant déclaré (OR=1,31 [1,12-1,54]), une situation évoluant depuis la veille (OR=1,33 [1,19-1,49]) ou plusieurs jours (OR=1,57 [1,42-1,75]), les motifs de recours portant sur les pathologies ORL (OR=2,49 [2,04-3,04]), ophtalmologiques (OR=2,2 [1,56-3,09]), et dermatologiques (OR=1,97 [1,66-2,33]). Les déterminants significativement associés aux admissions jugées pertinentes sont les enfants âgés de 5 à 10 ans (OR=0,87 [0,78-0,96]), les distances parcourues supérieures à 20 km pour venir aux urgences (OR=0,85 [0,73-0,98]), l'adressage par un médecin libéral (OR=0,76 [0,64-0,91]) ou l'enfant attendu aux urgences (OR=0,53 [0,44-0,64]), le recours aux urgences dans les 24 heures précédentes (OR=0,78 [0,64-0,94]), l'arrivée par les pompiers, le SMUR ou une ambulance (OR=0,66 [0,53-0,81]), l'enfant venu d'un établissement de santé ou social (OR=0,61 [0,44-0,85]), le fait d'avoir été conseillé par le médecin traitant (OR=0,74 [0,67-0,83]), par le SAMU-centre 15 ou les pompiers (OR=0,66 [0,56-0,79]).Conclusion : l'évaluation de la pertinence aux urgences en France repose sur l'opinion subjective des médecins examinateurs, elle est peu reproductible. Un outil standardisé doit être développé afin d'évaluer la pertinence de ces recours, améliorer l'orientation des enfants et l'utilisation des urgences. La médecine de ville et la permanence des soins ambulatoires ont un rôle crucial pour répondre aux demandes de soins non programmés. 18NANT032M


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