Apport des thérapies brèves dans la pratique quotidienne en Médecine Générale
Par : Le Bris, Lucie
Document archivé le : 07/12/2011
On assiste actuellement à une véritable crise identitaire de la médecine générale. Le métier n'attire plus. En témoigne la crise de la vocation au sein de la jeune génération, qui souhaitant pouvoir concilier vie professionnelle et vie familiale, ne s'y retrouve plus face aux contraintes de plus en plus lourdes exigées par la pratique libérale. Le médecin généraliste doit aujourd'hui faire face à un double défi?. D'une part répondre aux besoins et aux attentes d'une population en souffrance toujours plus demandeuse et d'autre part, à la volonté des pouvoirs publics de réduire le coût de la santé. Face à ce sentiment d'impuissance grandissant, menant certains à dévisser leur plaque, ou auburn-out, les médecins se sont cachés derrière les artifices du progrès médical multipliant les prescriptions, le médicament devenant leur « valeur refuge ». D'autres se sont alors mis en quête d'une approche centrée sur la personne, pouvant les aider à répondre à cette double mission. Leur bagage hospitalo-universitaire ne leur ayant pas permis d'acquérir un « savoir communiquer » et un« savoir-être relationnel », compétences essentielles à la pratique de la médecine de famille, ils se sont alors tournés vers les thérapies brèves qui leur offraient des perspectives nouvelles. Se posait alors la question de savoir ce que pouvait apporter l'intégration des thérapies brèves à la pratique quotidienne en médecine générale. Afin d'y répondre, une étude qualitative basée sur des entretiens semi-dirigés a été réalisée auprès de médecins généralistes de Loire-Atlantique et Vendée, ayant été formés aux thérapies brèves dans le cadre de leur FMC par une association agréée. L'intégration des thérapies brèves se révèle intéressante à trois niveaux. Tout d'abord, en terme de pratique. Elles permettent aux praticiens, par la maîtrise de techniques de communication et le développement d'une relation médecin-malade fondée sur l'alliance thérapeutique, d'acquérir un « savoir agir » et de développer une capacité à la relation d'aide thérapeutique a?n d'être au plus proche des besoins et attentes de leurs patients. L'acquisition de cette compétence passe par l'intégration d'une initiation aux approches psychothérapeutiques dans le cursus universitaire des futurs médecins généralistes,apprentissage qui s'enrichira au fur et à mesure de leur pratique et qu'ils pourront approfondir par la suite dans le cadre de leur FMC. Ensuite, en terme de santé publique, l'intégration de cette alternative non médicamenteuse à l'exercice du médecin généraliste a un intérêt non négligeable en terme de réduction des dépenses de santé. En effet, en améliorant la qualité et l'efficience des soins (notamment en santé mentale), elles permettent aux médecins généralistes missionnés par la société dans la maîtrise médicalisée des soins, d'assumer cette responsabilité. Et pour finir sur le plan personnel, par le plaisir qu'elle apporte, la pratique de ces thérapies serait un remède au Spleen du généraliste, pouvant même par les profonds changements qu'elle engendre, devenir une véritable philosophie personnelle. Cependant, cette approche est chronophage et son intégration à l'exercice libéral passe par une réorganisation du système de soin français en développant de nouveaux modes de rémunérations (actes, forfaits...) ainsi que de nouveaux modes d'exercice (MSP, PSP).Ainsi, c'est en apprenant à se servir de lui-même, en créant un style thérapeutique personnel et enfin en s'appropriant des « outils » lui correspondant, que les thérapies brèves vont amener le praticien à se repositionner dans son rôle de médecin de famille. En recentrant sa pratique sur le patient, et en tenant compte de ses déterminants biopsychosociaux, il apporte à la profession toute entière le souffle du renouveau. - 2011NANT066M
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