Archive des Bibliothèques universitaires de Nantes

Peut-on réduire l'usage des Céphalosporines de troisième génération et des Fluoroquinolones dans les pneumopathies aux urgences ?

Par : Lecadet, Nathalie

Document archivé le : 28/04/2014

Introduction : Les recommandations de l'AFSSAPS 2010 laissent le choix au prescripteur d'instaurer un traitement soit par Amoxicilline-Acide clavulanique, soit par Céphalosporines de troisième génération (C3G) (Céfotaxime ou Ceftriaxone), ou soit par Fluoroquinolone (FQ) anti-pneumococcique (Lévofloxacine) chez les patients âgés ou présentant des comorbidités hospitalisés pour pneumopathie aigüe communautaire (PAC), sans signes de gravité. Or les C3G et FQ sont deux classes d'antibiotiques particulièrement incriminées dans l'émergence et la dissémination de résistances bactériennes, sources d'échecs thérapeutiques. Nous proposons de limiter leur usage aux patients présentant une allergie ou une intolérance aux pénicillines, ou en situation d'échec d'une antibiothérapie ambulatoire par Amoxicilline ou Amoxicilline-Acide Clavulanique, ou traités dans les 3 mois précédents par Amoxicilline ou Amoxicilline-Acide Clavulanique, ou encore, pour les FQ, aux cas de forte suspicion de légionellose. L'objectif de ce travail est d'évaluer parmi les prescriptions de C3G et de FQ initiées aux urgences dans le traitement des PAC celles qui seraient évitables. Matériels et méthodes : Il s'agit d'une étude observationnelle, rétrospective, réalisée aux urgences adultes non traumatologique du CHU de Nantes, de janvier 2002 à décembre 2012. Résultats : 1100 dossiers ont été tirés au sort et analysés, dont 732 inclus. Les C3G et les FQ représentaient respectivement les deuxième et troisième classes d'antibiotiques les plus prescrites. Les prescriptions de C3G ont augmenté de 13,89 % en 2002 à 29,51 % en 2012 (p = 0,02), alors qu'elles ont diminué de 15,28 % à 1,64 % pour les FQ (p = 0,001). Parmi les 147 prescriptions de C3G, 4 (2,72 % [0,83 % - 7,02 %]) n'étaient pas conformes aux recommandations de l'AFSSAPS, et selon nos critères, 114 (79,72 % [72,35 % - 85,54 %]) n'étaient pas justifiées. Ainsi, 80,27 % [73,06 % - 85,94 %] des prescriptions de C3G étaient évitables. Parmi les 114 prescriptions de FQ, 83 (72,81 % [63,96 % - 80,16 %]) n'étaient pas conformes aux recommandations de l'AFSSAPS, et selon nos critères, 21 prescriptions (67,74 % [50,03 % - 81,54 %]) n'étaient pas justifiées. Ainsi, 91,23 % [84,44 % - 95,33 %] des prescriptions de FQ étaient évitables. Conclusion : Dans un contexte où l'arrivée de nouvelles molécules d'antibiotiques sur le marché est rare et l'émergence de souches bactériennes résistantes conséquente, il est nécessaire d'économiser les C3G et les FQ afin d'éviter les impasses thérapeutiques. 13NANT137M


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