Archive des Bibliothèques universitaires de Nantes

Les causes de sevrage d'allaitement maternel entre 1 et 6 mois de vie de l'enfant. Étude transversale auprès de 100 mères

Par : Couëtil, Claire

Document archivé le : 30/05/2018

Introduction : les bénéfices de l'allaitement maternel, aussi bien pour l'enfant que pour sa mère, sont reconnus scientifiquement. Pourtant, en France, les taux d'allaitement sont parmi les plus bas au monde. La durée moyenne de l'allaitement est de 4 mois et 3 semaines. Au stade de 6 mois, seulement 18,5% des femmes allaitent encore, dont 1,5% de façon exclusive. L'objectif de l'OMS (visant un taux d'allaitement exclusif dans les 6 premiers mois à 50%) relève ici de l'utopie. Objectif : l'objectif principal est d'identifier les causes à l'origine de ce sevrage prématuré. L'objectif secondaire est de recueillir des données sur l'information prénatale, l'accompagnement, la satisfaction des mères... Matériel et méthode : cette étude transversale s'intéresse à des femmes ayant allaité pendant une durée minimale d'un mois, de façon exclusive ou mixte. Le recrutement s'opère en 2016-2017 en Loire-Atlantique (maternité du CHU de Nantes, consultations médicales à Ancenis). Les données sont issues d'entretiens en face-à-face, 6 mois après l'accouchement. Résultats : parmi les 100 femmes interrogées, 54 femmes ont maintenu un allaitement au-delà de 6 mois. En comparaison avec les femmes qui ont allaité moins longtemps, elles sont plus souvent mariées (p=0,02), bénéficient d'un congé postnatal prolongé (p=0,01), profitent d'un « peau-à-peau » à la naissance de plus d'une heure (p=0,005), sont informées à la maternité de la variabilité du rythme des tétées (p=0,03). Elles sont globalement plus satisfaites du déroulement (p=0,003) et du suivi (p=0,04) de leur allaitement. Les 46 autres femmes ont arrêté d'allaiter entre 1 et 6 mois. Les raisons invoquées sont l'insuffisance de lait (39%), la reprise du travail (30,5%), un choix délibéré (15%), des complications de l'allaitement (7%), la reprise d'un traitement médicamenteux (4,5%), la dépression (2%) et la stagnation pondérale du nourrisson (2%). Discussion : plusieurs freins existent en France : un frein psycho-culturel (doute sur la capacité d'allaiter, sentiment d'entrave à la liberté, gêne vis-à-vis de l'allaitement en public, stigmatisation des allaitements prolongés...), la brièveté du congé parental (cependant, nos voisins européens bénéficiant d'une durée de congé similaire obtiennent des résultats nettement supérieurs), un manque d'accompagnement des mères, aussi bien dans la préparation en amont (information avant et pendant la grossesse), que dans le soutien à la maternité puis au retour à domicile. Il est regrettable que le sentiment d'insuffisance de lait soit le premier motif de sevrage, alors qu'il est possible de le juguler, dans la grande majorité des cas, via la réassurance et le rétablissement d'une conduite appropriée. Conclusion : dans une société où les droits des patients retrouvent leur juste place, le choix des femmes en faveur ou en défaveur de l'allaitement ne peut pas être qualifié de choix éclairé à ce jour. La formation du personnel soignant, l'information systématique des femmes, l'accompagnement à la naissance constituent des conditions sine qua non à l'amélioration de la situation française. 18NANT018M


Fichier(s) associé(s) au document :
couetilMED18.pdf