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Étude quantitative et qualitative sur la démarche diagnostique et la prescription d'arrêt de travail des médecins généralistes dans les plaintes subjectives et complexes en Pays de Loire : résultats comparés avec la Norvège

Par : Millet Charpy, Clothilde & Doussin, Luc

Document archivé le : 10/12/2014

Contexte et objectif : Les plaintes subjectives et complexes (SHC) mettent en difficulté les professionnels de santé . La prévalence de ces pathologies est importante en médecine générale mais difficile à préciser en l'absence de classification commune. Afin de mieux connaitre les pratiques des médecins généralistes (MG) face à ces plaintes, une étude initiée en Norvège a été menée en Pays de Loire. Elle vise à décrire les diagnostics posés et à comprendre les processus décisionnels d'arrêt de travail (AT). Un objectif secondaire de l'étude était de vérifier la cohérence de la discipline. Méthode : Une méthode mixte a été utilisée: quantitative et qualitative. 9 consultations réelles de patients avec des SHC, filmées en Norvège, rejouées par des acteurs, sous-titrées, ont été présentées à un échantillon de MG de Pays de Loire. Un questionnaire rempli après chaque consultation recueillait leurs diagnostics, l'évaluation de la plainte et les déterminants de la prescription d'arrêt maladie. Les résultats ont été comparé à ceux de Scandinavie. Deux focus groups ont ensuite été réalisés pour mieux comprendre le processus de réflexion des MG face aux SHC, la place de l'AT dans ces prises en charges, les stratégies mises en place, et les difficultés rencontrées. Résultats : 46 MG français ont visionné les consultations. Entre 5 et 20 diagnostics principaux différents ont été proposés pour chaque cas. 71% des diagnostics appartenaient à la catégorie ICPC 2 « psychologique ». Le chapitre du diagnostic principal était identique à 77,8% entre la France et la Norvège. Un arrêt de travail était prescrit dans 77% des 414 questionnaires (75,6% en Norvège). Pour 3 situations, la décision d'arrêt de travail n'était consensuelle, ni en France ni en Norvège. La prescription d'arrêt de travail était inversement corrélée au nombre de diagnostics posés. Les circonstances de vie personnelle du patient constituaient la composante principale de la plainte dans 57% des questionnaires. Les déterminants médicaux et de santé étaient la principale raison de l'arrêt de travail dans 56% des questionnaires. Les résultats français et norvégiens étaient superposables et témoignaient des mêmes difficultés cliniques et taxinomiques. Les focus groups ont mis en évidence l'analyse globale que les MG font de la situation, selon un modèle biopsychosocial. Les prises en charge reposent sur une intention de relation médecin malade de qualité visant à autonomiser le patient en fixant conjointement des objectifs. La prescription d'AT reste difficile devant l'absence de critères objectifs. Les MG peinent à endosser à la fois le rôle de médecin du patient et de médecin expert pour l'obtention de prestations sociales. Dans ces prises en charge les médecins regrettent leur isolement ainsi que la difficulté de coopération avec les spécialistes et la CPAM, qui rend l'accompagnement de ces patients pesant. Conclusion : Les SHC relèvent des compétences des spécialistes en médecine générale même si leurs prises en charge restent compliquées et source d'insatisfaction. Cette étude met en évidence l'homogénéité de la discipline entre la France et la Norvège. La prise en charge de ces patients pourrait bénéficier du développement d'outils de repérage dans la pratique quotidienne et d'une meilleure coopération entre les intervenants de santé favorisant la réinsertion professionnelle. 14NANT085M


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