Archive des Bibliothèques universitaires de Nantes

Impact de l'élévation de la progestéronémie lors des cycles de FIV-ICSI sur le développement embryonnaire

Par : Duval, Gauthier

Document archivé le : 12/10/2021

Introduction. L'élévation prématurée de la progestéronémie le jour du déclenchement de l'ovulation en cours d'hyperstimulation ovarienne contrôlée préalable à la réalisation d'une Fécondation In Vitro avec ou sans Injection Intracytoplasmique de Spermatozoïdes (FIV±ICSI) est fréquente. Elle entraîne une diminution de la réceptivité endométriale. Une stratégie de congélation embryonnaire totale est recommandée dans ce contexte. Cependant, la littérature est discordante concernant les issues en FIV±ICSI, dont les taux cumulés de naissances vivantes en cas de progestéronémie élevée. L'objectif était d'évaluer l'impact d'une progestéronémie élevée le jour du déclenchement de l'ovulation sur la qualité des blastocystes. Matériels et méthode. Une étude de cohorte bi-centrique rétrospective, incluant 1150 cycles de FIV±ICSI a été réalisée entre 2016 et 2018. Parmi ces cycles, 524 ont été réalisés avec l'utilisation d'un système de time-lapse (Embryoscope®). La concentration sérique de progestérone a été mesurée le jour du déclenchement de l'ovulation. Une valeur strictement supérieure à 1,3 ng/ml a été utilisée pour identifier une élévation prématurée de la progestérone. Les caractéristiques des patientes, de la stimulation ovarienne, ainsi que les paramètres embryologiques et les issues ont été enregistrés de manière anonyme et comparés entre les 2 groupes. Notre critère de jugement principal était le rapport entre le nombre de blastocystes utiles (transférés ou congelés) et le nombre d'ovocytes matures recueillis lors de la ponction ovocytaire. Résultats. Les cycles ont été divisés en 2 groupes selon le taux sérique de progestérone : 1335 cycles ont été répartis dans le groupe progestéronémie normale (P≤1,3 ng/ml) et 215 dans le groupe élévation prématurée de la progestéronémie (P>1,3 ng/ml). L'âge de la femme, l'AMH (hormone anti-müllérienne) et le CFA (compte des follicules antraux) étaient comparables entre les 2 groupes. L'IMC des femmes était significativement plus élevé dans le groupe P≤1,3 ng/ml (24,9 contre 23,4 kg/m² respectivement, p≤0,01). Une proportion plus importante de tabagisme actif était retrouvée chez les patientes dans le groupe P>1,3 ng/ml (21.86% contre 15.8%, p=0.03). La dose totale de FSH, le niveau d'œstradiol, le nombre de follicules ≥ 11mm et le nombre d'ovocytes recueillis étaient significativement plus élevés dans le groupe P>1,3 ng/ml que dans le groupe P≤1,3 ng/ml. Aucune différence n'a été observée entre les 2 groupes en termes de taux de blastocystes utiles par ovocyte mature. Les Odd-Ratios ajustés sur l'âge, l'IMC, la présence d'un tabagisme actif féminin, et le nombre total d'ovocytes recueillis n'ont pas mis en évidence de différences significatives entre les deux groupes de progestéronémie. Lorsque l'analyse morphocinétique était disponible, le temps de blastulation était le seul paramètre significativement différent entre les 2 groupes (110,4 heures dans le groupe P<1,3 ng/ml contre 107,9 heures dans le groupe P>1,3 ng/ml, p=0,04). Le taux cumulé de naissances vivantes par cycle était comparable entre les deux groupes (28,7 % pour P≤1,3 ng/ml contre 23,1 % pour P>1,3 ng/ml, p > 0,05 non significatif). Conclusion. La compétence embryonnaire et le taux cumulé de naissances vivantes n'étaient pas significativement impactés par l'élévation prématurée de la concentration sérique de progestérone le jour du déclenchement de l'ovulation. Cette étude confirme la pertinence de la stratégie de congélation totale dans cette situation. 21 NANT 102M


Fichier(s) associé(s) au document :
duval_g_MED21.pdf