Entre recommandations et pratiques observées : un écart à comprendre dans la prise en charge au long cours des patients asthmatiques en médecine générale : enquête par entretien auprès de 16 médecins généralistes
Par : Lopez Cruz, Carolina
Document archivé le : 10/04/2014
L'asthme est une pathologie ayant une forte prévalence, qui touche plus de quatre millions de personnes en France. Il s'agit de la maladie chronique la plus répandue chez l'enfant. Cependant, cette affection est un paradoxe. En effet, bien que d'un côté sa physiopathologie soit bien connue à l'heure actuelle, qu'il existe des traitements efficaces dont les modalités sont bien codifiées par les consensus nationaux et internationaux, d'un autre côté la prise en charge de la maladie semble encore insuffisante à ce jour. D'après les études sur le sujet, ces insuffisances se situent à plusieurs niveaux : traitements, observance thérapeutique, et suivi des patients au long cours présentent des lacunes par rapport aux référentiels. De même, toujours selon la littérature, des progrès pourraient être faits en matière d'éducation. Ces insuffisances sont responsables d'une altération de la qualité de vie qui est rapportée par de nombreux patients. Notre travail vise à comprendre, par le biais d'une étude qualitative réalisée au moyen d'entretiens semi-dirigés, quelles sont les causes de ces écarts entre les possibilités offertes par les traitements et les résultats obtenus. Nous nous sommes intéressés au vécu et aux conceptions du médecin généraliste dans le suivi au long cours des patients asthmatiques en étudiant deux aspects, leur perception de la maladie et leur perception de leur rôle, afin d'apporter des éléments de réponses à ces écarts. Notre enquête révèle l'hétérogénéité des pratiques dans cette prise en charge et suggère trois principaux éléments. Premièrement, une relation médecin malade parfois encore inadaptée dans le cadre de la prise en charge d'une maladie chronique, laissant peu de place à l'éducation du patient, mais qui semble pouvoir être influencée directement par la formation. Deuxièmement, une méconnaissance d'éléments propres au patient asthmatique que sont l'adaptation de ses symptômes à sa vie quotidienne et la discordance clinico-fonctionnelle. Enfin, un ressenti de prise en charge acceptable pouvant mener les médecins à l'inertie clinique et à la banalisation de la maladie. En réponse à ces résultats, il semble que la formation initiale et continue devrait être plus axée sur la prise en compte des dimensions psycho-sociales et pédagogiques du patient, en association à la formation sur les connaissances des maladies et des traitements, et qu'il convient de continuer à encourager la coordination des différents acteurs de santé.
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