Relation des patients consommateurs chroniques avec leur traitement par benzodiazépines : étude qualitative par entretiens auprès de onze patients âgés de 18 à 65 ans en Loire-Atlantique
Par : Rosier, Laura
Document archivé le : 05/02/2018
Contexte : malgré les effets secondaires importants et en dépit des campagnes de sensibilisation à l'intention des médecins, la consommation chronique de benzodiazépines (BZD)reste importante en France. Objectif : explorer la relation qu'entretiennent les patients avec leur traitement en vue de dégager des pistes d'aide au sevrage destinées aux médecins généralistes (MG). Méthodes : Etude qualitative réalisée auprès de onze patients recrutés dans des cabinets variés par des entretiens en Loire-Atlantique entre janvier et juillet 2017 réalisée dans une perspective compréhensive et d'orientation interactionniste par une remplaçante de médecine générale. L'analyse a fait l'objet d'une triangulation des chercheurs et des sources liée à la position de praticienne de la chercheuse. Résultats : la primo-prescription dans le récit des enquêtés ne correspondait pas forcément à une indication conforme aux recommandations médicales. Cette primo-prescription, malgré la consommation particulièrement ancienne dans l'échantillon (10 à 30 ans) apparaissait déterminante dans les relations des enquêtés avec leur BZD. De même, les raisons à l'origine de la poursuite du traitement ne renvoyaient pas à un diagnostic médical dans leur discours. Trois types de consommation ont été mise en évidence par l'analyse de leur relation avec leur traitement : la consommation « non problématique» avec une poursuite volontaire et positive, la consommation « réaliste » avec une résignation à poursuivre, et la consommation ambiguë qui oscille entre les bénéfices et les inconvénients de la BZD. L'ambivalence concernant leur consommation a été mise en évidence et est au centre de l'approche du patient. Les patients exprimaient un manque d'information à propos de leur traitement aussi bien lors de la primo-prescription que lors du renouvellement. Ils pouvaient exprimer le sentiment de ne pas être suffisamment écoutés et déploraient un temps de parole limité avec leur médecin sur ce sujet. Discussion-Conclusion : la primo-prescription doit faire l'objet d'une attention particulière pour éviter un engrènement dans une consommation chronique avec l'apparition d'une dépendance. L'ambivalence doit être explorée avec le patient pour l'inciter à la résoudre par lui-même. Le rôle du médecin traitant paraît central pour informer son patient sur son traitement et pour favoriser le développement d'un temps de parole concernant la problématique du sevrage. Aussi, l'application de l'entretien motivationnel s'adapte particulièrement à la prise en charge du sevrage en BZD selon ces résultats. Un guide d'entretien a été proposé, basé sur ces résultats et sur la littérature. Il vise à explorer les croyances et connaissances des patients autour de la poursuite et de l'arrêt du traitement, en vue d'aider les MG à accompagner les patients dans le processus progressif vers l'arrêt ou la diminution des BZD. Il resterait à évaluer cet outil à travers son usage effectif.
17 NANT 243M
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