Archive des Bibliothèques universitaires de Nantes

La souffrance psychique des migrants précaires et son évolution dans le temps : le point de vue des intéressés exploré à distance par entretiens semi dirigés

Par : Deboudt, Hélène

Document archivé le : 11/02/2020

Contexte : La souffrance psychique est rarement exprimée spontanément chez les patients migrants précaires, les horreurs vécues entrainant leur exil mais aussi les difficultés à l'arrivée étant souvent indicibles. Elle est souvent somatisée, cachée derrière un trouble du sommeil, des douleurs chroniques, sous diagnostiquée et à rapprocher du contexte culturel. Le soignant se retrouve dans l'impossibilité de soin, mal à l'aise, l'alliance thérapeutique est difficile à créer. Objectif : Recueillir la parole et l'expérience singulière des patients migrants traumatisés concernant leur souffrance psychique, ses causes et les facteurs de son amélioration, quels qu'ils soient (médicaux ou sociaux). Méthode : Etude qualitative par entretiens semi dirigés réalisée entre novembre 2018 et avril 2019, auprès de patients adultes victimes de souffrance psychique, vivant depuis plus de cinq ans en France au sein d'un cabinet médical de ville à La Roche sur Yon. Interprète extérieur si nécessaire. Analyse phénoménologique des verbatim. Résultats : Les migrants ont décrit avec finesse les états de syndrome de stress post traumatique et la violence du triple traumatisme (pré - per - post migratoire). Ils ont évoqué l'importance des éléments sociaux (parcours du combattant administratif, logement…), la place du médicament, de la langue, de la culture. Ces difficultés ont été sources de rancœur et de colère. La priorité a été pour eux la place du lien humain : l'accueil et l'écoute ont été considérés comme indispensables. Discussion : L'originalité du travail est de donner la parole aux patients experts de leur histoire et de leur trajectoire, dans le cadre d'un cabinet de médecine générale, avec le recul du temps. La majorité des autres études recueillent les observations des psychiatres, psychologues et travailleurs sociaux, dans des structures spécialisées et pendant les premiers mois en France. L'étude qualitative a entrainé un biais enquêteur, pouvant influencer l'entretien ou l'interprétation des données. Le biais lié à l'interprète, membre de la communauté facilitateur mais aussi limitateur du discours, pouvait être surajouté. Enfin, les patients étaient volontaires connus du cabinet. Cette étude permet de mieux cerner les éléments déterminants améliorant la santé de ces patients. D'autres études pourraient étudier l'apport avant/après de certaines thérapies comme les soins ethnopsychiatriques encore peu évalués. 19 NANT 210M


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