Archive des Bibliothèques universitaires de Nantes

Pratiques de l'automédication par le paracétamol : réflexions à partir d'entretiens et de journaux personnels de santé en Loire Atlantique et Vendée

Par : Noël, Sébastien

Document archivé le : 27/08/2018

Introduction : le paracétamol est actuellement l'antalgique de référence, et la douleur est le principal motif de recours à l'automédication. Il est aujourd'hui le médicament le plus consommé à travers le monde ; chacun en possède dans sa pharmacie. L'avènement en 2008 de la vente dite « over the counter »est venue légitimer les pratiques existantes d'automédication par le paracétamol mais jusqu'alors taboues. Objectifs : décrire et comprendre les comportements d'automédication par le paracétamol (qui s'automédique par le paracétamol, pourquoi et comment).Les déterminants du recours au paracétamol sont-ils les mêmes que ceux de l'automédication en général ? Existe-t-il une trace d'atténuation des composantes émotionnelle et sociale de la douleur ? Matériels et méthode : analyse secondaire d'un corpus de 44 dispositifs entretiens/journaux personnels de santé menés entre mars 2014 et juin 2015 en Loire Atlantique et Vendée. Résultats : les enquêtés de classe populaire semblent davantage s'automédiquer par le paracétamol. La souffrance émotionnelle et sociale est plus marquée chez les individus de cette catégorie sociale ayant recours à cette molécule, pouvant faire évoquer une recherche inconsciente d'effets sur ces composantes de la douleur. On note par ailleurs que le médecin conserve un rôle primordial dans l'automédication, notamment concernant la constitution du savoir et dans une certaine mesure l'obtention du médicament. La banalisation de la molécule est telle qu'aux yeux de certains, elle va jusqu'à perdre son statut de médicament, faisant ainsi occulter ses risques potentiels majeurs et aboutissant à des consommations qui ne sont plus nécessairement conscientisées. Bien que globalement, les pratiques se cantonnent au cadre des pathologies aiguës bénignes, dans le but d'obtenir un soulagement rapide, les situations d'usages détournés et de surdosages ne sont pas rares. Conclusion : si le respect des règles de bonnes pratiques garantit une parfaite innocuité du paracétamol, sa banalisation expose aujourd'hui la population à des situations de mésusages et de surdosages devant appeler à la vigilance. L'essor de l'automédication encouragé par les autorités doit ainsi être accompagné d'informations accessibles et adaptées au public pour garantir une balance bénéfice-risque favorable à la pratique de l'auto-soin. C'est aussi le rôle du médecin généraliste de contribuer à cette éducation en santé. 18NANT070M


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