Sexualité, Antidépresseurs et Dépressions : prévalences des dysfonctions sexuelles chez des hommes français présentant un épisode dépressif majeur, non traités ou traités par antidépresseur(s) : perspectives de prises en charge
Par : Busnel, Grégory
Document archivé le : 15/11/2017
Introduction : peu de travaux caractérisent les dysfonctions sexuelles (DS) observables dans le cadre des dépressions et de leur traitement par antidépresseurs (AD). Par ailleurs les résultats de ces travaux sont contradictoires et n'apportent qu'une vision incomplète des répercussions de la dépression et des antidépresseurs sur la fonction sexuelle. L'objectif principal de cette étude est d'estimer la prévalence des DS chez les hommes traités ou non traités et de les caractériser. L'objectif secondaire est d'évaluer l'évolutivité de la fonction sexuelle entre l'euthymie, la dépression non traitée et la dépression traitée. Matériel et méthodes : les hommes présentant un épisode dépressif majeur traités ou non durant 6 mois ont été recrutés par des généralistes et des psychiatres libéraux et hospitaliers. Chaque patient acceptant de participer à l'étude remplissait un questionnaire de façon anonyme investiguant sa sexualité (désir, érection, orgasme, satisfaction et gêne). Cet outil composite s'appuyait sur des échelles sexologiques validées (ASEX, MSHQ, IIEF, CSFQ, PEDT). Le protocole a été entériné par un comité d'éthique. Résultats : 98,6% des patients dépressifs présentaient au moins une DS. 68,6% (IC95% [56,4-79,1]) étaient insatisfaits ou très insatisfaits par leur sexualité et 73,9% estimaient en souffrir. Le fonctionnement sexuel était significativement plus impacté chez les dépressifs qu'ils fussent ou non sous AD (p<10-5) par rapport aux patients euthymiques. Les dépressifs sous AD n'avaient significativement pas plus de perturbations sexuelles que les dépressifs non traités. Il n'y avait pas d'atteintes sexuelles spécifiques chez les patients dépressifs non traités versus les traités par AD. Les troubles du désir était la DS la plus fréquemment retrouvée. Conclusion : cette étude n'incluait que 70 patients, ce qui est un effectif limité. La prévalence des DS est comparable chez les patients dépressifs traités et non traités alors que la thymie s'améliore chez les traités. On ne peut exclure un éventuel impact de l'AD sur la fonction sexuelle. Le fonctionnement sexuel doit être investigué dès l'entrée dans la maladie afin de proposer une aide spécifique. Il est clairement établi que restaurer la fonction sexuelle contribue à la restauration thymique. La prise en compte des atteintes sexuelles en psychiatrie apparaît comme indispensable et doit amener à renforcer les liens entre la psychiatrie et les autres disciplines, en particulier la sexologie.
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