Archive des Bibliothèques universitaires de Nantes

De la représentation à la dissipation, une écriture du corps dans l'oeuvre de René Crevel et Michel Leiris

Par : Marc Verlynde

Document archivé le : 18/12/2014

L’analyse de l’oeuvre de Crevel et de Leiris met en lumière une obsession du corps qui éclaire l’ensemble de leur oeuvre autobiographique. Le propos interroge d’abord les différentes représentations du corps pour voir de quelles manières celles auxquelles ils s’essayent les inscrivent dans une tradition littéraire qui trouve dans le surréalisme une contestation de la possibilité même de représenter son propre corps. À ce titre, leur oeuvre met en perspective l’invention d’un corps primitif dont les représentations questionnent une attraction commune pour le corps africain. Dans le reflet d’eux-mêmes qu’apporte ce fantasme, le corps questionne les représentations à la fois du désir, de la sexualité et, par une prise en charge de la mort analysée comme caractéristique de toute parole autobiographique, de l’érotisme. L’érotisme est alors considéré comme une mise en mots d’expériences vécues où culmine la définition esthétique d’une lacune au centre de toute parole autobiographique. Même si dans cette définition érotique se reconnaît l’influence de Georges Bataille, Crevel et Leiris s’éloignent de toutes représentations pathologiques du corps. Aucun d’eux ne valorise la maladie ou la vieillesse, mais ils s’en servent pour donner à voir les détours et les travestissements d’une mémoire corporelle. Afin d’échapper dès lors à l’enfermement dans une parole solitaire, le corps s’écrit comme l’expression d’un vertige que leur est l’autobiographie. L’écriture du corps servant de révélateur à l’angoisse de ce qui leur manque : la crainte du silence comme la sanction physique que peine à situer leur écriture.


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