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Mésusage et dépendance de la prégabaline : étude épidémiologique chez les personnes gardées à vue au Commissariat de Police Central de Nantes

Par : Rosado, Tiphaine

Document archivé le : 04/04/2022 00:00

La prégabaline (Lyrica® et génériques) a obtenu l'AMM en 2004 pour le traitement de la douleur neuropathique, de l'épilepsie partielle et des troubles anxieux généralisés. La posologie varie de 150 à 600mg/jour. La prégabaline est devenue le médicament le plus souvent rencontré sur les ordonnances falsifiées (enquête OSIAP 2019). L'augmentation croissante de la consommation de prégabaline et son mésusage sont un enjeu de santé publique majeur. Une étude épidémiologique descriptive prospective déclarative a été réalisée au sein du Commissariat de Police Central de Nantes du 1er février au 30 avril 2021. L'objectif a été de décrire la population de gardés à vue déclarant consommer de la prégabaline, de préciser les mésusages et le potentiel addictif. Le recueil des données a été effectué anonymement à l'aide d'un questionnaire rempli par les médecins intervenant lors de la visite médicale proposée aux détenus dès lors qu'ils déclaraient consommer de la prégabaline. 20 patients ont été inclus, dont 9 mineurs, en majorité des hommes à 95%. Le principal mode d'approvisionnement était le deal de rue dans 80% des cas (100% chez les mineurs) et on a suspecté un nomadisme médical chez 15% d'entre eux. Les principaux effets recherchés étaient la sédation (33%), l'antalgie (30%), l'anxiolyse (26%) et la défonce (7%). La dose quotidienne consommée était supérieure à 1200mg pour 4 personnes, et 80% personnes interrogées ont déclaré consommer régulièrement de la prégabaline depuis plus de 6 mois. Dans 60% des cas, la prégabaline était consommée en association avec d'autres substances : le diazépam (33%), le clonazépam (27%), un opioïde (27%). La totalité des personnes qui ont tenté d'arrêter de consommer la prégabaline ont présenté des signes de sevrage. La prégabaline fait l'objet d'une utilisation inappropriée à des fins de toxicomanie. Le risque médical principal est lié à la consommation conjointe d'autres substances psychoactives (opioïdes, benzodiazépines) qui majore les troubles de conscience, la dépression respiratoire et le risque de décès. Son potentiel addictif est avéré avec l'existence de craving et de syndrome de sevrage. C'est un médicament bon marché obtenue via le deal de rue par des personnes aux conditions de vie précaires, dont une part importante de mineurs, et qui contribue à la commission d'actes de délinquance. 21 NANT 021M

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