Archive des Bibliothèques universitaires de Nantes

Les échanges médecin-patient autour de l'automédication : enquête par observations directes de consultations pour affection aiguë en Loire-Atlantique et en Vendée

Par : Guerrero, Alexis

Document archivé le : 26/01/2016

Introduction : Depuis 2008, et la création d'un décret autorisant la vente de médicaments en libre accès en pharmacie, l'automédication en France suscite un intérêt croissant pour les patients, qui ont de plus en plus souvent recours à cette pratique d'autosoin. Objectifs : Lors de consultations pour une affection aiguë, évaluer la proportion de consultations faisant l'objet de discussions autour de l'automédication et l'impact de ces échanges dans les prescriptions du médecin. Méthode : Une enquête quantitative prospective par observations directes a été menée en mai 2012 et novembre 2013. Des internes de médecine générale, en début de stage, ont observé de façon consécutive et systématique les consultations motivées par une affection aiguë pendant 2 semaines. Une grille d'observation a permis le recueil d'informations anonymes sur le patient (sexe, âge, profession, lieu de résidence), sur le motif de consultation (CISP-2), les échanges autour d'une automédication préalable et le résultat de consultation (prescription médicamenteuse, d'examens complémentaires ou d'avis spécialisés). Résultats : 3680 observations de consultations ont été réalisées par 102 internes en stage auprès de 184 médecins généralistes. 57% des consultants étaient des femmes et l'âge moyen était de 37 ans. 38,4% des hommes et 43,1% des femmes ont spontanément décrit à leur médecin leurs pratiques d'automédication (p = 0,004). 49,3% des médecins ont exploré ces comportements. Dans 50,8% des consultations, il a ainsi été question de médicaments d'automédication, essentiellement des antalgiques-antipyrétiques (45,4%) et des anti-inflammatoires (9,3%). 52% des médecins ont tenu compte de ces discussions au moment de la prescription. Ceux qui tenaient compte de l'automédication ont rédigé davantage de prescriptions médicamenteuses que ceux qui n'en tenaient pas compte (OR=2,29 ; p<0,001), mais ils ont aussi demandé moins souvent des examens complémentaires (OR=0,68 ; p<0,001) ou des avis spécialisés (OR=0,73 ; p=0,002). Conclusion : L'automédication n'est pas un sujet tabou dans le cadre de consultations pour pathologies aiguës en soins primaires. Le fait d'aborder ce sujet en consultation pourrait être à l'origine d'une diminution des coûts de santé publique, mais pourrait également exposer le patient à des effets indésirables médicamenteux plus fréquents et dangereux. 15NANT096M


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