Archive des Bibliothèques universitaires de Nantes

L'auto-expérimentation de psychotrope, une expérience utile pour le psychiatre ? : connaissance par les gouffres en psychiatrie au début du XXIe siècle

Par : Bernard, Jean-Charles

Document archivé le : 09/04/2019 00:00

L'auto-expérimentation est une pratique relativement méconnue mais centrale dans l'histoire des découvertes médicales. Au-delà de ces contextes de découverte, l'auto-expérimentation en psychiatrie perdure de manière informelle à l'heure actuelle avec les psychotropes (médicamenteux et autres). Cette pratique n'a toutefois jamais été étudiée jusqu'à présent. Après un historique détaillé (où les psychédéliques occupent une place importante dans la question auto-expérimentale), deux études menées auprès de psychiatres (et internes en psychiatrie) français sont présentées à propos des pratiques actuelles d'auto-expérimentation de psychotrope. Sur le plan quantitatif, les 863 réponses de questionnaire objectivent cette pratique et montrent le fort lien de celle-ci avec le sexe masculin, l'absence de lien avec la tranche générationnelle et une probable absence de lien avec le lieu de formation. Sur le plan qualitatif, les 23 entretiens semi-directifs illustrent les motivations multiples à l'œuvre menant à l'auto-expérimentation (liées à la question représentationnelle, à la curiosité et aux troubles psychopathologiques du psychiatre) et celles éloignant de l'expérience (essentiellement en lien avec des peurs et un jugement d'inutilité). Malgré une différence évidente de vécu avec celui du patient, les expériences personnelles – auto-expérimentales ou non – peuvent induire des conséquences pour le professionnel, notamment par la modification de ses représentations avec un impact en matière de prescription, d'empathie et de distance relationnelle au patient. Cette pratique questionne les fondements épistémologiques de notre discipline, la séparation sujet – objet, notre rapport au savoir, la transmission de celui-ci, et la place de l'expérientiel dans un modèle actuel porté par les neurosciences se voulant scientifique et "objectif". La place restante pour l'humain et sa part d'énigmatique est questionnée. La forte ambivalence du monde médical envers cette pratique relativement taboue est également mise en perspective. 2017NANT028M

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