Archive des Bibliothèques universitaires de Nantes

Conceptions et pratiques profanes autour des médicaments antalgiques, anti-inflammatoires et antipyrétiques : une approche qualitative

Par : Interligator, Jonathan

Document archivé le : 08/01/2018

Introduction : l'automédication par antalgiques et anti-inflammatoires est une pratique de soin très fréquente qui tend à augmenter avec les années. Cette tendance à l'accroissement peut être expliquée par la volonté des pouvoirs publics de réaliser des économies, par une industrie pharmaceutique en recherche de profits et par une volonté d'émancipation des individus. Nous pouvons nous demander quels mécanismes sous-tendent les pratiques d'automédication afin de nous poser la question du risque encouru par la population. Matériel et méthode : nous avons réalisé une étude qualitative, basée sur des entretiens semi-directifs, incluant 12 sujets âgés de 18 à 35 ans, répartis en deux groupes d'âges différents : 18-22 ans et 25-35 ans. Le choix de ces groupes a été décidé en tenant compte du changement des recommandations françaises concernant l'aspirine et le paracétamol. Résultats : dans la transmission des connaissances, les proches et en particulier la mère, ont une place privilégiée. L'expérience personnelle joue un rôle important alors que les professionnels de santé et les médias jouent un rôle moindre. Une transition entre l'aspirine et le paracétamol a bien été constatée après le changement des recommandations sur ces médicaments. La banalité accolée à l'aspirine s'est transmise au paracétamol qui a perdu son statut de médicament, pour les soignés mais aussi pour les soignants. Les raisons poussant à l'automédication sont la perte du statut de médicament, la facilité d'accès, les critiques portées contre les médecins et la volonté d'émancipation des sujets. La variété des spécialités médicamenteuses entraînent des confusions dans leur utilisation. DCI et princeps sont confondus. Les risques et toxicités sont méconnus. Cela aboutit à des mésusages et des surdosages. Un lien fort est fait entre médicaments et addiction (accoutumance, dépendance et résistance) Discussion : l'origine des connaissances sur les médicaments s'intègre dans une systémie complexe, de plusieurs niveaux d'organisation. Le premier niveau, constitué de l'expérience personnelle et du tissu relationnel proche, a une influence importante sur les pratiques. Le deuxième niveau, constitué des professionnels de santé, est soumis à d'importantes critiques qui limitent son importance. Le troisième niveau est représenté par le savoir d'acquisition externe, les médias et le système scolaire, qui renforce les savoirs acquis mais sans capacité de rupture épistémologique. L'automédication par antalgique est utilisée dans le but de soulager une souffrance physique mais aussi psychologique. Leur prise est également comparée à la prise de drogue avec description de conduites de dépendance, d'accoutumance. Ces conduites peuvent être rapprochées de la « Self- Medication Hypothesis » développée par Khantzian. Pour s'affranchir de cette dépendance envers les médicaments et le système de soin, l'automédication est paradoxalement utilisée (dont les thérapies alternatives). Afin de prévenir les risques liés à l'automédication, nous proposons la réalisation de principes d'interventions sous une forme similaire à celle de la stratégie de réduction des risques. 17NANT204M


Fichier(s) associé(s) au document :
interligatorMED17.pdf