Évaluation des représentations et des besoins concernant la santé de la femme, dans le cadre de l'implantation d'un cycle d'ateliers santé en milieu carcéral : une étude qualitative menée auprès des femmes détenues à la maison d'arrêt de Nantes

Par : Lefevre, Marie

Document archivé le : 15/02/2024

Introduction : La santé des femmes est une préoccupation importante de santé publique. Cependant, certaines femmes semblent être victimes d'inégalités sociales de santé. Les femmes détenues constituent notamment une population vulnérable et souvent plus éloignée du soin. Dans la continuité des projets menés par l'UGOMPS auprès des femmes migrantes originaires d'Afrique subsaharienne et des femmes vivant dans un bidonville de l'agglomération nantaise, il a été décidé de mettre en place une action de promotion de la santé au sein de la maison d'arrêt des femmes à Nantes. L'objectif de ce travail était d'identifier les besoins et les représentations en santé féminine de ces femmes et secondairement d'implanter un cycle d'ateliers en santé féminine, adapté à elles. Méthodologie : Une étude qualitative a été réalisée par le biais d'entretiens individuels semi-dirigés menés auprès d'un échantillon de femmes détenues à la maison d'arrêt de Nantes. Ces entretiens correspondaient à un diagnostic de situation et utilisaient un outil visuel, afin de favoriser l'expression des femmes. Un collectif de femmes détenues, les Pluri'Elles, a été impliqué pour la mise en place du projet. Les entretiens ont ensuite été retranscrits, anonymisés puis analysés de façon croisée. Un cycle d'ateliers, composé de quatre séances, a ensuite été proposé aux femmes ayant participé à l'étude qualitative. Résultats : Dix entretiens ont été menés. Ils ont permis d'identifier les connaissances, les représentations et les expériences des femmes à propos de différentes thématiques de santé féminine. Ils ont également permis d'appréhender l'impact de l'incarcération sur les besoins en santé. Les ateliers ont été construits en s'inspirant d'un modèle préexistant et en l'adaptant aux résultats de l'analyse des entretiens. Les thèmes abordés en ateliers étaient les suivants : le cycle menstruel, le corps de la femme, l'examen gynécologique, la contraception, les infections sexuellement transmissibles, les cancers féminins, l'estime de soi, l'image de soi et la féminité, la santé affective et sexuelle, les violences. Discussion et conclusion : Ce travail inédit en détention a permis de proposer une action de promotion de la santé auprès d'un public dans le besoin. La comparaison des différents travaux de thèse réalisés sur ce sujet, auprès de différentes populations de femmes, permet de déceler des différences, mais surtout une unité entre ces femmes. Le modèle de diagnostic de situation et d'ateliers semble ainsi être valide, reproductible et adaptable. L'entretien individuel, comparable à la phase de diagnostic éducatif partagé de l'éducation thérapeutique pour le patient, apparaît comme nécessaire, permettant l'apport d'informations pour l'adaptation des ateliers et la création d'un lien de confiance avec l'organisatrice. Par l'espace d'écoute proposé, ce temps individuel revêt également une réelle fonction thérapeutique. Les ateliers ont favorisé le développement de connaissances et de compétences ainsi que la capacité des femmes d'agir favorablement pour leur santé. Il semblerait intéressant de reconduire ce type de projet en détention en favorisant davantage l'implication des femmes détenues par la co-construction et l'intervention de femmes pairs au sein des ateliers. Plus largement, l'ouverture de ce projet à d'autres populations de femmes serait intéressante.

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