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Antibioprophylaxie de l'endocardite infectieuse lors de soins bucco-dentaires : connaissance des recommandations de bonne pratique : enquête nationale auprès des cardiologues français

Par : Trochu, Quentin

Document archivé le : 02/02/2015

INTRODUCTION. Les stratégies d'antibioprophylaxie de l'endocardite infectieuse (EI) ont été remises en causes au cours des 20 dernières années. Les recommandations de la Société Européenne de Cardiologie (ESC) de 2009 soulignent le manque de preuves scientifiques quant à la pertinence de cette antibioprophylaxie dans le contexte d'une volonté de réduire la consommation d'antibiotiques pour éviter les résistances, la nécessité d'avoir un grand nombre d'antibioprophylaxies pour éviter un cas d'EI et la fréquence des situations de la vie quotidienne pouvant provoquer des bactériémies. Dans ce contexte, l'objectif de notre travail a été d'évaluer les connaissances et stratégies de prescriptions de l'antibioprophylaxie par les cardiologues grâce à une enquête de pratique auprès des membres de la Société Française de Cardiologie (SFC). MATERIEL ET METHODES. Nous avons réalisé une enquête descriptive observationnelle transversale nationale pour évaluer les connaissances et l'adhésion des cardiologues aux recommandations de 2009 de l'ESC concernant l'antibioprophylaxie de l'EI observées lors de soins bucco-dentaires. Un questionnaire composé de 40 questions a été adressé par email à 2228 cardiologues membres de la SFC et les résultats comparés à ceux d'une étude similaire réalisée auprès des chirurgiens-dentistes en 2013 à propos des recommandations de l'Afssaps. RESULTATS. 243 questionnaires ont été complétés de façon exhaustive (12,3%). Nos résultats montrent que 30% des cardiologues continuent à prescrire une antibioprophylaxie lors de situations à risque modéré d'EI, 40% ne prescrivent pas d'antibioprophylaxie lors d'un détartrage chez un patient ayant une prothèse valvulaire et 41% ne recommandent pas de brossage régulier chez un patient à haut risque d'EI. Plus de 20% des cardiologues autorisent l'implant dentaire dans les situations à haut risque, alors qu'il s'agit d'une contre-indication absolue selon les recommandations AFSSAPS 2011, sans qu'il y ait de recommandation précise par l'ESC en 2009. 73% des chirurgiens-dentistes estiment que la prescription doit leur revenir, alors que 67% des cardiologues considèrent qu'ils doivent être à l'origine de cette prescription. CONCLUSION. Notre étude montre une bonne appropriation des recommandations ESC 2009, 4 ans après leur diffusion mais plusieurs points doivent être améliorés : la connaissance des pathologies à risque modéré et faible, la prescription d'une antibioprophylaxie adaptée en diminuant la sur-prescription qui reste importante et la sous-prescription essentiellement liée à la méconnaissance des geste dentaires invasifs. Un effort devra être également réalisé pour que les cardiologues soulignent systématiquement l'importance de l'hygiène buccodentaire quelque soit la situation à risque. 14NANT026D


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