Archive des Bibliothèques universitaires de Nantes

Le Parnasse face à l'Olympe

Par : Philippe Le Doze

Document archivé le : 25/11/2010

Quelle fut la nature des liens noués par les poètes avec le pouvoir augustéen ? La réponse à cette interrogation suppose l’analyse préalable des modalités de la vie politique à Rome. Les questions d’une idéologie augustéenne et d’une propagande d’Etat sont sous-jacentes. Si l’existence de la première est contestable, l’usage supposé de la seconde n’est pas dénué de fondement. Son utilisation est, cependant, demeurée très limitée et il ne paraît pas que la poésie (pour des raisons tout à la fois techniques, circonstancielles et d’anthropologie politique) ait pu en constituer un des véhicules.L’intérêt d’Octavien/Auguste et de l’aristocratie romaine pour la poésie tient à d’autres raisons, certaines traditionnelles (le souhait de voir son nom immortalisé, le désir de tenir son rang, l’espoir de partager une partie de l’aura des poètes), d’autres plus circonstancielles (la rivalité littéraire avec la Grèce exacerbée par le sentiment d’un affaiblissement de la puissance de l’Etat romain). Les poètes avaient beaucoup à gagner au patronage des Grands. Le patronus jouait un rôle fondamental dans l’élaboration de l’œuvre comme dans sa réception. Certains poètes, proches de Mécène, assumèrent un rôle original dans la société augustéenne. Si la notion de cercle littéraire doit être abandonnée, force est de constater que l’entourage de l’ami d’Octavien/Auguste eut une conception singulière de son rôle au sein de la cité. Loin de s’être mis au service du régime, les poètes ont endossé le rôle de uates afin d’influer sur la société de leur temps et de façonner le pouvoir qui se mettait en place. What kind of relationship did poets have with the Augustan power structure ? To answer the question, this dissertation will first analyze the details of political life in Rome. Augustan ideology and State propaganda are underlying issues. While existence of the former is questionable, implementation of the latter is not unfounded. Nevertheless, its use remained very restricted. For technical and historical reasons, as well as those of political anthropology, it does not seem that poetry could have been one of its vehicles. Other reasons explain the interest in poetry shown by Octavian and the Roman aristocracy, some traditional (the wish to be immortalized, to maintain one’s rank, to benefit from the poets’ aura), others due to circumstances (particularly the literary rivalry with Greece, exacerbated by the feeling of a weakening of the power of the Roman State). Poets had much to gain from the patronage of important individuals. The patronus played a fundamental part in the production of a work as in its reception. Some poets, close to Maecenas, played an original role in Augustan society. While the notion of a “literary circle” should be discarded, we must note that Maecenas’ entourage had a remarkable conception of its role in the State. Far from entering the service of the regime, poets acted as uates in order to influence the society of their time and shape the government that was coming into power.


Fichier(s) associé(s) au document :
1. Le Parnasse face à l'Olympe.pdf