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Hyponatrémie sévère : conséquences neurologiques d'une correction trop rapide

Par : Krai-Asgaraly, Elise

Document archivé le : 05/07/2019

Introduction : l'hyponatrémie sévère définie par une natrémie plasmatique < 125 mmol/L est l'une des plus fréquentes anomalies hydro-électrolytiques. Pourtant, malgré plusieurs consensus, la vitesse de correction optimale est encore controversée. En effet, les recommandations actuelles préconisent une correction lente < 10 mmol/L/24H ou < 18mmol/L/48H. Le risque en cas de correction rapide est une myélinolyse centro ou extrapontine du système nerveux central. Le but de notre étude est de comparer les signes neurologiques post-thérapeutiques évoquant des lésions démyélinisantes entre les patients corrigés selon les recommandations actuelles et les patients corrigés trop vite. Matériels et méthodes : étude observationnelle rétrospective réalisée entre janvier 2015 et décembre 2016 sur le service des urgences du CHU de Nantes. Les patients étudiés présentaient une hyponatrémie sévère ≤125 mmol/L. 62 patients ont été corrigé trop vite c'est à dire ≥ 10 mmol/L/24 h ou ≥ 18 mmol/L/48H. Notre groupe contrôle corrigé normalement contenait 62 patients. Le critère d'évaluation principal était la différence de pourcentage de troubles neurologiques avant et après la correction de la natrémie. Les critères secondaires concernaient les données démographiques, l'évaluation du secteur extracellulaire, les traitements utilisés, les signes neurologiques pouvant être expliqués par les comorbidités, la durée d'hospitalisation et la mortalité. Résultats : 119761 patients sont passés aux urgences pendant notre étude. 515 patients présentaient une hyponatrémie sévère ≤125 mmol/L soit 0,43% des patients hospitalisés aux urgences. 62 patients ont été corrigé trop vite soit 12% des hyponatrémies sévères. Il n'y avait pas de différence en terme d'âge et de sexe entre les deux groupes. Les natrémies de départ dans le groupe corrigé trop vite étaient plus basses (13% des patients traités avec du sérum salé hypertonique vs 0% dans l'autre groupe).Les facteurs de risques principaux d'une correction trop rapide étaient l'antécédent de potomanie ou psychiatrique et la prise de neuroleptiques. L'étiologie principale d'hyponatrémie était la déshydratation extracellulaire sur troubles digestifs. 42,74% des signes neurologiques avant la correction peuvent être expliqués par des comorbidités de façon significative. Le principal traitement utilisé est le soluté isotonique. Il n'y avait pas de différence significative entre les signes neurologiques après la correction entre nos deux groupes (Groupe 1 : 17,7% vs Groupe 2 : 24,2%). Il n'y avait pas de différence significative entre le nombre de décès après la correction (Groupe 1 : 17,7% vs Groupe 2 : 11, 3%). La mortalité globale est 14,5%.Nous n'avons aucun patient qui a présenté des signes de myélinolyse centropontine cliniquement typique. Un seul décès était lié à l'hyponatrémie (soit 5,55%). La cause principale des décès était la pneumopathie dans les deux groupes. Nous n'avions pas non plus de différence significative entre la durée d'hospitalisation des patients (groupe 1 : 11,8% vs groupe 2 : 10,9%). Conclusion : nous n'avons pas trouvé de différence statistique en terme de complications neurologiques entre le groupe corrigé selon les recommandations et le groupe corrigé trop vite. Notre étude ne retrouve pas de cas de myélinolyse centropontine. Il n'y a pas de différence de mortalité entre nos deux groupes. De plus, de nombreuses comorbidités entrent en jeu et peuvent expliquer la mortalité élevée de cette affection. 19NANT056M


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