Archive des Bibliothèques universitaires de Nantes

Pour une histoire de « la douleur » de Marguerite Duras

Par : Andrea Manara

Document archivé le : 23/02/2012

Lorsqu'elle présente son livre « La douleur », Marguerite Duras ne parle pas comme un auteur de romans, elle avoue avoir perdu toute conscience relative à l'écriture de ce texte, et sa position par rapport à son livre est, paradoxalement, celle d'une lectrice. L'image de deux cahiers retrouvés condense en quelques mots toutes la dialectique de la vérité et de la fiction, de la mémoire et de l'oubli, en ce qui concerne notamment le débat portant encore aujourd’hui sur la question fondamentale du témoignage en littérature. Par ses glissement et les contradictions dynamiques entre lecture et écriture désormais indissociables, le prologue de La douleur touche en effet à une expérience qui s’inscrit sous le signe des grandes formes d’expérimentation littéraire du XXème siècle. La lecture des « cahiers » dont le prologue annonce la découverte, leur existence même, tiendra ainsi entièrement dans le redoublement de cette expérience, et dans l'engagement notamment d'une analyse retrouvant ce fragment de littérature confondu à l’ensemble anonyme et indistinct de tous les textes littéraires, composant avec les caractères, les images, les figures, des notes pour une histoire de La douleur de Marguerite Duras s'activant à l'intérieur de notre modernité littéraire. 330 ##$aMarguerite Duras' introduction of “La douleur” describes the publication of this book as an act in which reading and writing are strictly connected. Playing the unmasking role – the role of revealing the mask as mask, within discourse, it produces an experience powerful enough to turn the audience into its own spectacle. Not being recognized by its author – Marguerite Duras' behave like a reader of her own book – it is precisely the expropriability of the dominant, 'authorized' discourse that constitutes one potential site of its subversive resignification. It is in this sense that the performative calls to be rethought not only as an act that an official language-user wields in order to implement already authorized effects, but precisely as social ritual, one of the powerful and insidious ways in which subjects are called into social being, inaugurated into sociality by a variety of diffuse ans powerful interpellations. In this sense, reading as performative is not only a ritual practice: it is one of the influential rituals by which subjects are formed and reformulated. The concept of annotation, in particular, witch is instituted by the culture that it contributes to institute, allows the reader to perform the text in the analysis, to reterritorialize its terms as fragments of a discourse inside the culture's macrocosm.


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Notes pour une histoire de la douleur.pdf