Archive des Bibliothèques universitaires de Nantes

Le déterminisme et la responsabilité morale

Par : François de Monneron

Document archivé le : 07/02/2012

Le déterminisme est-il compatible avec la responsabilité morale ? Oui, répondent les compatibilistes. Or cette idée pose une série de problèmes. Pour la soutenir, il faut réfuter deux principes très intuitifs : celui des possibilités alternatives, selon lequel on est responsable de ce qu’on fait seulement si on a eu le pouvoir de ne pas le faire ; et celui du transfert de non-responsabilité (« nul n’est responsable de Y si X cause Y de manière déterministe, et si nul n’est responsable de X »). Même s’il y avait des contre-exemples à ces principes, la responsabilité par omission serait difficilement compréhensible sans l’idée d’un pouvoir des alternatives. Le compatibilisme doit donc accorder une place à l’idée d’un pouvoir des alternatives. Pour le faire sans se contredire, il analyse ce pouvoir soit de manière conditionnelle (S peut faire A signifierait « si S voulait faire A, il ferait A »), soit en termes de mondes possibles. La première analyse est un cas particulier de la deuxième, car elle revient à dire que S peut faire A s’il y a des mondes possibles où S fait A volontairement. Pour qu’un critère de ce genre ne soit pas trop souple, il faut préciser que seuls des mondes possibles proches du monde actuel sont pertinents du point de vue de la responsabilité morale. Mais comment délimiter le domaine des mondes possibles pertinents ? D’un point de vue compatibiliste, il semble impossible de résoudre ce problème de manière satisfaisante. Finalement, cette thèse ne paraît plausible que si le libertarisme est encore moins intuitif. La principale question, pour le libertarisme, sera de savoir comment l’indéterminisme physique (à l’intérieur du cerveau) permet la responsabilité morale au lieu de l’exclure.


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