Archive des Bibliothèques universitaires de Nantes

Privation de liberté et hypovitaminose D, un risque méconnu de l'univers carcéral ?

Par : Viguier, Pierre

Document archivé le : 20/06/2018

Introduction : Le statut vitaminique D des prisonniers français est peu connu. Une étude a mis en évidence 62.6% de taux de calcidiol inférieur à 10 ng/mL et 89.6 % inférieurs à 20 ng/mL chez 164 prisonniers hospitalisés dans l'unité hospitalière du CRHU de Lille. Nous avons émis l'hypothèse que la privation de liberté était un facteur de risque d'anhélie qui exposait les prisonniers à un risque de carence en vitamine D majoré par rapport à la population générale. Nous avons évalué l'intérêt d'un dosage systématique du calcidiol à l'admission suivi d'une supplémentation adaptée (groupe « dosage ») par comparaison avec un groupe « contrôle ». Méthodes : Il s'agissait d'une étude randomisée mono-centrique en soins courants réalisée à la maison d'arrêt de La Roche sur Yon. Le protocole de l'étude a été validé par le CPP Ouest III et par la DRAP. Cinquante-quatre hommes majeurs incarcérés ont donné leur consentement entre le premier Janvier 2014 et le 31 Juillet 2015. La période d'étude a pris fin en Janvier 2016. Le groupe « dosage » bénéficiait d'une supplémentation de « correction » par ZYMAD® 80 .000 UI dérivée du protocole de référence dit « de Souberbielle » suivie d'un d'entretien par une ampoule de ZYMAD® 80 .000 UI à trois mois. Le calcidiol était dosé à six mois dans les deux groupes. Le critère de jugement principal était la proportion de prisonniers ayant à six mois un taux de calcidiol supérieur à 30 ng/mL avec un objectif fixé à 85%. Résultats : Parmi les 54 prisonniers ayant donné leur consentement, 44 ont été inclus dans l'étude. Les groupes « dosage » et « contrôle » étaient respectivement comparables en termes d'indice de masse corporelle (23.2 vs 22.4 kg/m², p=0.6), d'antécédents médicaux (45% vs 41 %, p=0.98) et d'antécédents d'incarcération (80% vs 73%, p=0.72). Seul l'âge différait, le groupe « contrôle » étant plus âgé que le groupe « dosage » (36.4 vs 28.8 ans, p=0.02). La répartition saisonnière des inclusions était équivalente pour les deux groupes : 50 % entre Novembre et Avril et 50 % entre Mai et Octobre. A six mois de suivi, 30% des prisonniers du groupe «dosage » et 18% du groupe «contrôle» répondaient au critère de jugement principal : calcidiol supérieur à 30 ng/mL (p=0.48). La répartition des taux de calcidiol était opposée entre les deux groupes : 82 % des patients du groupe «contrôle» avaient un taux de calcidiol inférieur à 20 ng/mL contre 15% dans le groupe «dosage ». La supplémentation en vitamine D du groupe «dosage» a corrigé le taux moyen de calcidiol qui est passé de 14 à 28.2 ng/mL alors que groupe « contrôle » avait un taux final de 14.6 ng/mL. Conclusion : Dans cette étude, l'intérêt du dosage systématique du calcidiol semble justifié par la proportion élevée (85%) de taux de calcidiol inférieurs à 20 ng/mL et par un taux moyen de calcidiol bas à l'admission ( 14 ng/mL) alors que la population générale (dosage non systématique) présente un taux de calcidiol moyen de 23.5 ng/mL et 42.5% de taux de calcidiol inférieurs à 20 ng/mL. 18NANT048M


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