Archive des Bibliothèques universitaires de Nantes

Maternité et conduites addictives enjeux et intérêts de l'addictologie de liaison en périnatalité

Par : Chassevent Anne

Document archivé le : 03/02/2009

Il n'existe pas de données actuellement en France sur la prévalence des conduites addictives en dehors des consommations de substances licites (alcool, tabac) chez les femmes enceintes, et ce malgré l'importance de ces conduites chez les femmes en âge de procréer, en particulier pour le cannabis et les troubles du comportement alimentaire. Une étude menée à la maternité du CHU de Nantes auprès de 300 femmes nous a en effet permis d établir la prévalence relativement élevée des conduites addictives chez les femmes enceintes. Or si la problématique des conduites addictives pendant la grossesse commence à être reconnue comme un problème de santé publique préoccupant, la prévention comme le repérage restent encore peu répandus sur l ensemble du territoire français. Les enjeux du repérage et de la prise en charge des conduites addictives chez les femmes enceintes sont pourtant multiples puisqu elles ont un impact non seulement sur le déroulement et l issue de la grossesse, sur le développement f?tal, en terme de conséquences néonatales, mais aussi sur le développement psychocomportemental de l enfant à long terme. De plus, les processus psychopathologiques en jeu dans les addictions, en particulier la problématique de séparation-individuation, font écho aux enjeux psychopathologiques propres au processus de maternalité et peuvent être à l origine de dysfonctionnements des interactions mère-enfant. Mais il s agit aussi d une population de femmes jeunes, dont la motivation au changement est facilitée par la grossesse et la préoccupation maternelle pour l enfant, et pour qui cette période de la vie peut être une opportunité particulièrement importante pour s engager dans des soins. L'intervention des équipes de liaison en addictologie dans les maternités est donc à développer, d une part pour former les équipes des maternités au repérage de l ensemble des conduites addictives chez les femmes enceintes, en particulier de l alcool et du cannabis, mais aussi des troubles des conduites alimentaires, et d autre part pour faciliter l accès de ces femmes à des soins spécifiques qui doivent pouvoir leur être systématiquement proposés. Dans tous les cas la prise en charge de ces grossesses à haut risque devra être multidisciplinaire, réunissant la sage-femme, le gynécologue-obstétricien, le médecin généraliste, le pédiatre, la puéricultrice, l'assistante sociale, l'addictologue et parfois le pédopsychiatre. Elle s'organisera au mieux dans le cadre d un réseau, pour permettre un étayage et un accompagnement attentif et offrir à la mère et à son bébé un cadre de soins contenant et sécurisant.


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