Archive des Bibliothèques universitaires de Nantes

Facteurs de risque de fistule pancréatique après énucleation pancréatique

Par : Brient, Céline

Document archivé le : 30/08/2011

Introduction: Les pancréatectomies réglées pour tumeurs pancréatiques exposent à un risque de fistule postopératoire et d'insuffisance pancréatique endocrine et exocrine. L'énucléation pancréatique permet la préservation des fonctions pancréatiques, cependant elle peut exposer à la récidive tumorale et au développement de fistule. Le but de notre étude a été d'évaluer la morbidité et les résultats à long terme des énucléations pancréatiques. Méthodes: Les données de patients opérés de 1991 à 2008 d’énucléation pancréatique dans 5 centres hospitalo-universitaires ont été revues rétrospectivement. Le bilan radiologique préopératoire incluait un scanner abdominal, une échographie abdominale et/ou un Octréoscan® (si suspicion de tumeur endocrine). La fistule pancréatique a été définie selon les critères de l’International Study Group of Pancreatic Fistula (1). La taille de la tumeur (? 2 cm vs < 2 cm), sa localisation, son type histologique, sa distance au canal pancréatique principal, ont été étudiés comme facteurs prédictifs de fistule. Résultats: Soixante-sept patients (50 femmes), de 52 ans d’âge moyen (19-85) ont été inclus. Tous ont eu une énucléation pancréatique, 15 avec geste chirurgical associé (5 cholécystectomies, 3 résections pancréatiques, 2 duodénotomies, 3 pancréato-jéjunostomies, 7 autres procédures). Une échographie per opératoire a été réalisée chez 37% des patients. L'histologie finale a confirmé 44 tumeurs endocrines, 6 cystadénomes mucineux, 2 cystadénomes séreux, 2 métastases (cancer rénal), 1 TIPMP et 12 autres tumeurs bénignes. Deux patients (un insulinome et un gastrinome) ont eu une résection de pancréas sain. Vingt-neuf patients ont présenté des complications: 18 (27%) fistules pancréatiques, 6 collections intra abdominales, 4 pancréatites postopératoires, une infection broncho-pulmonaire. La durée moyenne d'hospitalisation a été de 24 jours en cas de fistule, 9 jours sans fistule (p < 0.05). Vingt-six pour cent des patients ayant une tumeur supérieure ou égale à 2cm ont présenté une fistule pancréatique versus 29% si inférieure 2cm (p = 0.9), 30% en cas de tumeur endocrine versus 19% si non endocrine (p = 0.49), 20% pour tumeur localisée à la tête ou l’uncus versus 37% au corps ou à la queue du pancréas (p = 0.26), 53% si la distance entre la tumeur et le canal pancréatique principal était inférieure ou égale à 2mm versus 17% si supérieure 2mm (p = 0,028). Après un suivi moyen de 35.2 mois, un patient (insulinome) a présenté une récidive tumorale. Aucun patient n'a développé de diabète ou d'insuffisance exocrine. Conclusion: L'énucléation pancréatique d'une tumeur localisée à une distance inférieure ou égale à 2 mm au canal pancréatique principal est un facteur prédictif de fistule pancréatique. Cependant, cette technique chirurgicale est une alternative sûre et efficace pour traiter les tumeurs endocrines bénignes ou borderline, en dépit d’un taux élevé de fistule pancréatique. Elle permet de préserver la fonction pancréatique sans augmenter le risque de récidive, et de réduire la durée moyenne d'hospitalisation. - 2011NANT014M


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