Archive des Bibliothèques universitaires de Nantes

Hétérogénéité histopathologique et moléculaire des tumeurs villeuses recto-sigmoïdiennes

Par : Droy Dupré, Laure

Document archivé le : 07/11/2011

Les tumeurs villeuses, définies macroscopiquement, sont des lésions étendues, sessiles, d'aspect villeux, siégeant préférentiellement dans le sigmoïde et le rectum. Ces tumeurs ont été assimilées aux adénomes villeux après la publication de la classification de l'OMS en 1976. La littérature a depuis négligé ces lésions, et leurs caractéristiques morphologiques et moléculaires sont peu connues. Cette étude a évalué cliniquement, histologiquement, immunohistochimiquement et génétiquement, toutes les lésions décrites en endoscopie comme des nappes ou polypes villeux du sigmoïde et du rectum sur ces dix dernières années. L'évaluation a été faite sur la base des données récentes de la littérature des polypes coliques, incluant les polypes festonnés. Nous avons étudié le statut mutationnel des gènes BRAF et KRAS, le statut d'instabilité microsatellitaire, l'expression des protéines MLH1, MGMT et p16INK4A, l'expression nucléaire de la protéine ß-caténine, et l'expression du gène suppresseur de tumeur TP53 dans une série de tumeurs villeuses (n=22). Les tumeurs villeuses du rectum et du sigmoïde étaient rares (0,3%). Isolées à partir d'une population homogène macroscopiquement, les tumeurs villeuses se révélaient hétérogènes histologiquement et génétiquement. Les tumeurs villeuses étaient divisées en 4 groupes: adénomes villeux (n=9), adénomes tubulo-villeux (n=6), adénomes festonnés traditionnels filiformes (n=3) et polypes mixtes adénomateux et hyperplasiques (n=4). Ces groupes étaient souvent associés à des caractéristiques cliniques et moléculaires spécifiques. Toutes les tumeurs villeuses, quelque soit leur histologie, étaient stables pour les microsatellites. Les adénomes villeux étaient fréquemment mutés pour le gène KRAS alors que tous les adénomes festonnés traditionnels étaient mutés pour le gène BRAF et présentaient souvent des arguments pour un phénotype CIMP. Les polypes mixtes adénomateux et hyperplasiques étaient tantôt KRAS, tantôt BRAF mutés. La transformation carcinomateuse des tumeurs villeuses était fréquente et avait les mêmes caractéristiques histologiques et moléculaires que la tumeur villeuse précessive. En conclusion, l'aspect endoscopique villeux ne garantit pas le diagnostic d'adénome villeux, l'aspect histologique des tumeurs villeuses recto-sigmoïdiennes, subordonné à un profil génétique particulier, doit être soigneusement étudié, car il a un impact clinique, évolutif et thérapeutique. - 2011NANT048M


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