Archive des Bibliothèques universitaires de Nantes

Le second peuple de Nantes au XVIIIe siècle

Par : Vincent Danet

Document archivé le : 27/09/2011

Pour les intellectuels et lexicographes officiant sous l'Ancien Régime, le peuple de France n'est alors pas un mais multiple. Au coeur de l'espace urbain, exclusion faite de la population mendiante et vagabonde, la partie tout à la fois la plus nombreuse et la moins bien considérée de ce peuple regroupe les travailleurs journaliers et sans qualification, ceux de la terre ou plus ou moins qualifiés mais non dépendants d'un cadre corporatif, la domesticité au sens large, les ouvriers de manufactures, les compagnons et garçons de métiers jurés ainsi que l'ensemble des chambrelans besognant en contravention aux statuts des jurandes. Cette population que nous identifions sous l’appellation « second peuple » se caractérise par une existence de ses membres majoritairement vécue dans la précarité quotidienne, une insertion plus ou moins bien définie et solide au sein de la société urbaine et une inscription en dehors de toute forme officielle d’organisation horizontale du travail. Une attention portée sur trois pans majeurs de l’existence du second peuple de la ville de Nantes au dernier siècle de la monarchie absolue, soit la vie en communauté, la consommation matérielle et l’activité laborieuse, est en mesure de dévoiler quelques-uns des traits essentiels des individus le constituant : place centrale de l’élément féminin, importance des notions de déplacement et d’implantation géographiques, force des connexions et solidarités de voisinage, rapport parfois houleux à l’autorité et frugalité de l’environnement matériel du quotidien. For the intellectuals and lexicographers officiating under the Ancien Regime, the people of France was then not one but many. At the heart of urban space, excluding the population of beggars and vagabonds, the at once most numerous and least well regarded part of this people groups together unqualified day laborers, those working on the land or more or less qualified but not dependent on a corporate framework, domestic workers in the broadest sense of the word, factory workers, journeymen and juniors in the legal profession and all “roomworkers” toiling in contravention of the statutes of the guilds. This population that we identify under the name of the “second people” is characterized by a life of its members mostly lived in everyday poverty, a more or less well defined and strong insertion in the heart of urban society and an entry without any official form of horizontal organization of work. A focus on three major segments of the existence of the second people of the city of Nantes in the last century of absolute monarchy, be it community life, material consumption or work activity, is able to reveal some essential features of the individuals which make it up: the central role of the feminine element, the importance of the concepts of travel and geographic location, the strength of connections and neighborhood solidarity, sometimes stormy relations with authority and the frugality of the material environment of daily life.


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