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Impact et faisabilité d'un protocole d'analgésie-sédation, dirigé par les infirmières et basé sur les échelles RASS et BPS, chez les patients brûlés graves de réanimation sous ventilation mécanique. Une étude bi-centrique, de type avant/après. L'étude SEDABURN

Par : Desmedt, Luc

Document archivé le : 29/04/2020

Contexte. La gestion de l'analgésie-sédation est l'une des pierres angulaires de la prise en charge des patients sous ventilation mécanique en réanimation. Elle doit permettre le confort du patient, tout en évitant les effets adverses reconnus d'une sédation profonde et prolongée. Pour ce faire, les recommandations internationales préconisent l'utilisation de protocoles visant l'obtention d'une sédation légère à l'aide d'échelles d'évaluation clinique. A ce jour, aucune étude n'a évalué la faisabilité et l'intérêt de tels protocoles chez les patients brûlés graves de réanimation. Objectif. Déterminer si la mise en place d'un protocole d'analgésie-sédation, dirigé par les infirmières et visant l'obtention d'une sédation légère à l'aide des échelles RASS et BPS, était associée à une diminution de la durée de ventilation mécanique des patients brûlés graves de réanimation. Méthode. Nous avons réalisé une étude de type avant/après chez les patients brûlés de réanimation dont la durée de ventilation mécanique était estimée supérieure à 24 heures, dans les hôpitaux universitaires de Nantes et Montpellier. Durant la période « avant », la gestion des sédatifs et antalgiques intraveineux était laissée à l'appréciation du prescripteur. Durant la période « après », un protocole guidait les infirmières dans la titration des morphiniques et des sédatifs intraveineux à partir des échelles RASS et BPS, avec comme cible l'absence de douleur (BPS<5) et l'obtention d'une sédation légère (RASS+1/-1). Durant ces deux phases, la douleur liée aux soins était contrôlée par l'administration protocolisée de morphinique à durée de vie courte et les pratiques courantes de réanimation étaient inchangées. Résultats. Au total, 188 patients ont été inclus (groupe contrôle, n = 87 (46.2%) ; groupe intervention, n = 101 (53.7%)). Les données démographiques, les caractéristiques des brûlures et la gravité des patients à l'admission étaient comparables entre les deux groupes. La mise en place du protocole n'était pas associée à une diminution significative de la durée de ventilation mécanique des patients (groupe contrôle, 14 [3 ;29] ; groupe intervention, 7 [2 ;24] ; p=0.4). La prise en compte de la compétition entre mortalité et sevrage de la ventilation mécanique ne mettait pas en évidence de différence significative entre les deux phases (Gray test, p=0.4). L'analyse de série chronologique dégageait une tendance non significative vers une diminution de la durée de ventilation mécanique en faveur du groupe interventionnel (p=0.6). La mise en place du protocole n'apportait pas d'autres bénéfices, que cela soit sur la durée d'administration des hypnotiques et morphiniques intraveineux, l'incidence des pneumonies acquises sous ventilation mécanique, la durée de séjour ou la mortalité en réanimation. Conclusion. La mise en place d'un protocole d'analgésie-sédation dirigé par les infirmières et visant l'obtention d'une sédation légère était réalisable mais ne permettait pas de diminuer la durée de ventilation mécanique chez les patients brûlés graves de réanimation. 19 NANT 250M


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