Archive des Bibliothèques universitaires de Nantes

Le corps du bébé comme lieu et reflet de sa construction psychique

Par : Le Marchand-Cottenceau Margaux

Document archivé le : 09/12/2008

A partir d'une interrogation clinique au sujet des conditions d'émergence de la pensée, nous avons fait un détour théorique parmi l'abondante littérature, sachant que le processus nous échappe de fait. Le bébé naît avec un vécu sensori-moteur prénatal, avec des organes sensoriels fonctionnels qui sont saturés en information à partir de la naissance. La perception amodale de ces flux sensoriels permet au nouveau-né de les appréhender de façon unifiée dans une conscience temporelle propre. Rapidement des mécanismes cognitifs précoces se mettent en place pour les traiter, mécanismes soutenus et entretenus par la personne qui s occupe préférentiellement de lui, le plus souvent la mère, dans un échange corporel et émotionnel. Nous suivons l idée que par la primauté de fonctionnalité des récepteurs tactiles, les caractéristiques du toucher vont être le fil rouge de tout le développement psychique (R. Prat 2007). Mais le corps du bébé est à la fois le lieu de réception des données sensori-motrices, et le lieu de ses premières expressions dans une symbolisation corporelle, une pensée archaïque , à partir d îlots d intersubjectivité. Cette étape capitale pour le développement psychique nous a amené à nous pencher sur ce qui pouvait l altérer, à la fois du côté de la maman et du bébé dans l esprit de l épigénèse interactionnelle. Nous présentons pour le bébé les angoisses primitives massives, le tempérament, un déficit de l équipement neurophysiologique, et pour la maman la coloration des interactions avec son enfant par ses interactions fantasmatiques, la mettant quelquefois en grande difficulté, jusqu aux pathologies psychiatriques comme la dépression ou les psychoses. Le bébé ressent alors une tension émotionnelle génératrice de souffrance, à expression corporelle. En nous appuyant sur différents travaux, nous proposons des repères cliniques, même si nous nous situons encore au début de la clinique du tout petit. A travers la situation clinique d une mère schizophrène et de son bébé, suivis de la grossesse jusqu à l âge de 4 ans de l enfant, nous reprenons les différents éléments abordés pour nous interroger sur le développement de ce bébé, et nous posons la question de la place singulière du soignant dans cette situation. Il nous paraît essentiel de nous intéresser à ce que ces bébés des premiers mois vivent dans et par leur corps, afin de repérer précocement des signes de souffrance, qui pour la plupart sont sensibles à une intervention précoce, dans le but de les aider à construire leur appareil psychique, outil indispensable pour appréhender le monde.


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