Substrat épicardique dans les ablations de tachycardie ventriculaire : Un lien vers une nouvelle entité nosologique ?
Par : Guédon, Amaury
Document archivé le : 20/10/2020
Introduction : La multiplication des procédures d'ablation de TV épicardique au cours de la dernière décennie a permis de mettre en évidence une zone d'ablation épicardique récurrente, chez des patients porteurs de cardiomyopathies dilatées jusqu'à présent étiquetées. Objectif : L'objectif de cette étude était de réaliser une analyse descriptive des procédures d'ablations de TV épicardique au CHU de Nantes afin de confronter nos pratiques locales à celles décrites dans la littérature.Par ailleurs, nous avonsétudiéde manière approfondie une sous population de patient porteur de cardiomyopathie dilatée non ischémique, dont l'étiologie restait jusqu'à présent incertaine, afin d'identifier un phénotype clinique et électrophysiologique commun. Méthode et Résultats: 53 procédures ont été réalisées et étudiées de manière rétrospective au CHU de Nantes de janvier 2010 à janvier 2020.Trois groupes de patients ont été analysés. 72% des patients présentaient une cardiomyopathie dilatée non ischémique (NICM), 17% une cardiomyopathie ischémique (ICM) et 11 % une dysplasie arythmogène du ventricule droit. En comparaison avec la littérature, les procédures étaient plus fréquemment réalisées dans un contexte d'urgence, notamment chez les patients NICM (p<0,0,5). Le taux de complications graves était supérieur, représentant 13,2% des procédures, dominés par la survenue d'hémopéricarde aiguë. Ces complications semblaient s'atténuer au cours du temps avec une courbe d'apprentissage. Le taux de récidive de TV à 1 an était de 35 à 55% selon les groupes, superposable aux données de la littérature. Ce taux de récidive était maximal lors du premier mois post ablation et variait de manière significative en fonction de l'issue de la procédure (p<0,05) (succès total / succès intermédiaire / échec). 96% des patients NICM présentaient une entrée dans la maladie sur un mode rythmique, comprenant 29% de morts subites récupérées. L'analyse ECG retrouvait une prédominance de micro-voltage dans les dérivations frontales (64,5%) et d'onde T négative en inféro latérale (86%). L'ETT retrouvait un VG peu dilaté (DTDVG médian 30,6mm/m2) ainsi qu'une FEVG médiane modérément altérée à 35% (15-60%). Un rehaussement tardif sous épicardique de localisation inférolatéral était retrouvé chez 62,5% des patients NICM. 77% des patients présentaient un substrat épicardique également dans le territoire inférolatéral basal lors des procédures d'ablation de TV. Une mutation génétique était identifiée chez 66% des patients prélevés et analysés, intéressant les gênes MYBPC3, SCN5A, DSP, DES et LMNA. Cinq de ces patients présentaient un antécédent familial de cardiomyopathie au premier ou deuxième degré. Conclusion : Nous avons pu évaluer nos pratiques locales grâce à l'analyse rétrospective de dix années de procédures d'ablation de tachycardie ventriculaire. Nous avons montré que ces procédures s'adressaient de manière prédominante à des patients atteints de NICM, chez qui un substrat épicardique inférolatéro basal récurrent a pu être identifié. Ces constatations étaient en accord avec les analyses structurelles préopératoires (ECG, ETT et IRM cardiaque). Ces patients NICM semblent donc se rapprocher très fortement des patients CAVG, actuellement en cours de description. Afin de pouvoir l'affirmer, il paraït indispensable d'adopter une conduite à tenir standardisée chez ces patients, comprenant une analyse cardiaque structurelle et fonctionnelle ainsi qu'un recueil génétique et généalogique exhaustif.
20 NANT 079M
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