Archive des Bibliothèques universitaires de Nantes

À quoi correspond une douleur à 4 sur 10 sur une échelle numérique ? : à propos d'une échelle comportementale expérimentale

Par : André, Vincent

Document archivé le : 16/02/2011

Objectif : Etudier la justesse et la linéarité de l’échelle numérique de la douleur en mesurant la dispersion des résultats des réponses de 200 patients à la notation de 0 à 10 d’une gamme verbale de 10 conséquences comportementales ou sensorielles de douleurs, de sévérités assez variées pour couvrir à priori l’intervalle des douleurs allant de 1 à 10. Matériel et Méthodes : 200 patients (50,9 +/- 15,8 ans) hospitalisé(e)s ont rempli un questionnaire administré par une même personne, après avoir évalué sur une EVA leur âge (50,95 +/- 16,1 ans), puis leur douleur. Il leur a ensuite été demandé d’attribuer une note (de 0 à 10) à dix descriptifs écrits de douleurs (ex:« douleur induisant des pleurs »), présentés d’abord dans un ordre aléatoire, puis dans un ordre de sévérité décroissant. Ce questionnaire a été rempli par 30 soignants : 17 médecins et 13 infirmières ou aides-soignantes (AS). Résultats : 1-les notes affectées par les patients ont été supérieures à celles attribuées par les médecins, surtout pour les douleurs les plus faibles, les notes des infirmières-AS se situant entre les deux. 2-le descriptif correspondant à la douleur la plus faible (« douleur perceptible seulement en y prêtant attention ») était déjà coté à 3,33+/- 1,9 sur 10 par les 200 patients (3,55 +/- 1,92 par les femmes, 3,00 +/- 1,89 par les hommes, t=0,047). En comparaison, la note attribué par les infirmières-AS pour cet item n’a été que de 2,08 +/- 0,86 et de 1,53 +/- 0,80 par les médecins. 3- l’échelle numérique de douleur est apparue plus logarithmique que linéaire, l’écart moyen entre « absence de douleur » et « douleur perceptible seulement en y prêtant attention (3,33) étant presque égal à celui entre « douleur à perdre connaissance » (8,95 +/- 1,8) et « douleur diminuant la capacité de travail sans l’empêcher complètement » (5,37 +/- 1,57).4-l'importance des écarts-types mesurés pour les items choisis empêche de s'en servir comme repères pour améliorer la justesse et la linéarité des échelles numériques, mais suggère réciproquement que la signification d’une douleur à 2, 4, 6 ou 8 peut considérablement varier d’un patient à l’autre. Conclusion : Pour autant que la gamme de comportements douloureux ait été bien choisie, et la formulation des items appropriée, ces résultats suggèrent que l’échelle numérique de douleur manque de justesse, au moins pour les douleurs les plus faibles, qui paraissent sur-évaluées. Les notes supérieures s’en trouvent aussi décalées et la forme de la courbe parait plus logarithmique que linéaire. Ces distorsions pourraient être favorisées par un dévoiement dans l'utilisation des échelles numériques, utilisées parfois comme mode d’expression d’une inquiétude des douleurs à venir ou d'une insatisfaction dans la gestion des douleurs passées, autant que comme une simple mesure de la douleur présente à un instant donné. - 2010NANT116M


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