Archive des Bibliothèques universitaires de Nantes

Allaitement maternel prolongé : une pratique de santé entre recommandations et clandestinité

Par : Pallut Boissard, Sophie

Document archivé le : 04/12/2014

CONTEXTE ET OBJECTIFS. Alors que l'allaitement maternel prolongé est généralement présenté comme une pratique marginale en France, les données statistiques et les nombreux travaux de recherche sur ce thème montrent qu'il s'agit d'une pratique bien souvent sous-estimée. Passé un certain âge, les mères préfèrent parfois garder pour elles qu'elles allaitent encore. Cette étude tente donc de mieux comprendre la démarche de ces femmes, la place qu'elle a parmi leurs pratiques de santé et le rôle qu'elle joue dans leurs relations avec les professionnels de santé. MATERIEL ET METHODE. Une enquête qualitative, sous forme d'entretiens semi-structurés, a été menée auprès de douze mères, rencontrées en Loire Atlantique, à l'aide d'un guide d'entretien préalablement défini. Les critères d'inclusion étaient : avoir allaité plus d'un an et être suivie par un médecin généraliste différent des autres femmes. Les critères de non-inclusion étaient un délai supérieur à cinq ans entre l'entretien et le dernier sevrage, l'impossibilité de s'exprimer aisément en français où d'être physiquement présente à l'entretien. Une analyse thématique transversale a ensuite été réalisée. RESULTATS. Passées les difficultés du début, l'allaitement s'inscrit dans une pratique de maternage proximal. Recommandations médicales, modèle d'allaitement prolongé sont essentiels dans leur démarche. Il s'agit avant tout d'une démarche de santé au sens large qui concourt au bien-être de l'ensemble de leur famille. Face à l'incompréhension de notre société, les femmes préfèrent se prémunir des critiques et de la pression sociale qui pourraient nuire à la poursuite de leur allaitement. Nombre d'entre elles s'éloignent des mouvements militants et poursuivent leur pratique avec discrétion. Sans prosélytisme, elles soutiennent leurs proches qui sont sensibles à leur démarche. Le manque de connaissance et les jugements personnels des professionnels de santé sont souvent reprochés et favorisent la méfiance et la réticence des mères à parler de leur allaitement. Il existe un risque de non prise en compte de l'allaitement par le prescripteur alors même que ces femmes remettent souvent en question leurs prescriptions. Ce paradoxe entre pratique recommandée et pratique clandestine pose la question de l'échange autour des pratiques hors norme dans la relation de soins. 14NANT078M


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